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mardi 29 octobre 2013

Introduction to Kelley Stoltz


Après trois albums chez Sub Pop, le résident de San Francisco Kelley Stoltz signe Double Exposure sur Third Man Records, label avec lequel il partage une même origine, le Michigan. Dans le circuit depuis près de 15 ans il n’en reste pas moins un éternel outsider, injustement méconnu de ce côté de l’Atlantique, alors que sa discographie regorge de grandes chansons pop. Multi-instrumentiste génial, orfèvre du son analogique et producteur inspiré (the Mantles, Sonny & the Sunsets…), il était là avant que la scène de San Francisco ne prenne la fière allure qu’on lui connaît aujourd’hui. Pour tous ces musiciens il reste d’ailleurs une figure tutélaire, souvent cité comme influence, notamment pour sa manière de penser la musique et de magnifier le Do It Yourself, gage de liberté créatrice. 

Grand fan du songwriting immatriculé années 60, de Brian Wilson aux Beatles, en passant par Syd Barrett, les Zombies ou Nick Drake, Kelley Stoltz en a gardé le savoir-faire dans l’approche de la pop-song, tout en mettant en avant sa sensibilité à travers des arrangements fouillés, remplis de bidouillages et de boucles étranges. 

Pour s’y retrouver dans cette discographie abondante, on a décidé de faire une playlist qui donne un large aperçu de sa carrière. Dès débuts lo-fi de The Past Was Faster (1999) et Antique Glow (2001) jusqu’au brillant Double Exposure (2013) en passant par la période Sub Pop (To Dreamers, Circular Sounds, Below the Branches) ou encore son album de reprises d’Echo & the Bunnymen, voici 12 chansons qui, on l’espère, serviront de porte d’entrée pour ceux peu familiers du monde merveilleux de Kelley Stoltz.





1-Popular Diseases (The Past Was Faster, Telegraph Compagny, 1999)
2-Vapour Trail (The Past Was Faster, Telegraph Compagny, 1999)
3-Underwater's Where The Action Is (Antique Glow, self-released, 2001)
4-The Sun Comes Through (Below the Branches, Sub Pop, 2006)
5-Prank Calls (Below the Branches, Sub Pop, 2006)
6-Stars Are Stars (Echo & the Bunnymen cover) (Crockodials, Beautiful Hapiness, 2006)
7-Your Reverie (Circular Sounds, Sub Pop, 2008)
8-I Nearly Lost My Mind (Circular Sounds, Sub Pop, 2008)
9-Pinecone (To Dreamers, Sub Pop, 2010)
10-I Remember, You Were Wild (To Dreamers, Sub Pop, 2010)
11-Marcy (Two Imaginary Girls, Les Disques Steak, 2012)
12-Kim Chee Taco Man (Double Exposure, Third Man, 2013)
13-Interview
Punching Joe

vendredi 18 octobre 2013

The Fresh & Onlys-Soothsayer EP


Au même titre que Thee Oh Sees et Ty Segall, les Fresh & Onlys étaient présents dans l’épicentre du séisme sonique survenu autour de la Baie de San Francisco. Pourtant ils se sont rapidement mis à l’écart de ce fracas, contrairement à leurs collègues qui, eux, plus que jamais, surfent sur le raz-de-marée rock’n’roll. Il est vrai que la troupe de Tim Cohen a toujours préféré les mélodies bien troussées aux riffs sanguinolents. Au point de signer l’an passé Long Slow Dance, un disque lorgnant clairement vers la pop 80s, édité par le label new-yorkais Mexican Summer, figure de proue de l’indie actuel. Et si l’album était encore une fois porté par un songwriting irréprochable et une classe à toute épreuve, il a définitivement expédié les Fresh & Onlys sur une autre orbite, puisqu’au même moment Ty Segall sortait l’explosif Slaughterhouse et Thee Oh Sees préparait le rutilant Floating Coffin. Quel avenir alors pour les Fresh & Onlys ? Vont-ils devenir un fabuleux groupe pop qui serait enfin récompensé pour son génie, ou au contraire une formation indie lambda, au son pépère et aux chansons rassurantes ?


Ce nouvel EP, toujours chez Mexican Summer, donne quelques éléments de réponse. Soothsayer est clairement dans la lignée de Long Slow Dance. La chanson titre ouvre le disque dans un nuage de reverb étiquetée années 80, où la voix de Tim Cohen résonne magnifiquement. Et si des synthés viennent aérer un peu plus la composition, on reconnait la patte Fresh & Onlys grâce à une rythmique atypique et marquée. Ensuite "God of Suez" susurre un riff jangly à tomber par terre, prolongeant la longue liste des grands morceaux écrits par le groupe. Le reste de Soothsayer est malheureusement bien en dessous des attentes. "Glass Bottom Boat" sonne vaguement comme du Gun Club de la fin des années 80, mais au moment où la chanson devrait décoller (ce que sait très bien faire le groupe d’habitude), seules des trompettes mollassonnes viennent étirer le tout. "Deluge of War" souffre d’un mal encore plus grave, celui de ces titres à la production gonflée qui sonnent fatalement creux. En ce sens elle se rapproche de la vacuité romantique exposée par Wymond Miles sur son nouvel album Cut Yourself Free. "Forest Down Annie" ne fait guère mieux avec ses six minutes de pop étrange mais ronronnante, non sans rappeler Magic Trick, la magie en moins. Enfin, "Drugs" sauve un peu la mise, sans être pour autant mémorable.

Les Fresh & Onlys sont donc à un carrefour important de leur carrière : toujours à l’aise pour composer des chansons sublimes, ils sont aussi capables de s’enfoncer tête baissée dans une pop maniérée sans grande inspiration. Et, pour la première fois, des doutes s’installent en vue du prochain album. En attendant, Magic Trick semblerait être de retour et ça c’est une excellente nouvelle.
Punching Joe

mercredi 2 octobre 2013

The Everywheres-s/t LP + Slow Friends K7

The Everywheres sont arrivés ici par une porte dérobée. Après une première écoute, leur musique m’apparaissait comme l’archétype d’une certaine pop psychédélique, joliment enrobée dans un son analogique et lo-fi, mais finalement sans sève. Ils ont été sauvés par une pulsion d’exotisme, lorsque j’ai découvert leur ville d’origine, Halifax en Nouvelle-Ecosse. Quelques clics plus tard je me promenais sur cette péninsule canadienne inconnue pour moi, porté par le son de leur premier LP. La balade sur StreetView, dans des paysages intrigants où l’océan côtoie la forêt, s’est terminée dans un cul-de-sac, quelque part au nord, avec la magique "What It Grow" qui semblait faire onduler l’eau à l’horizon. J’ai alors pris toute la mesure de la musique des Everywheres, taillée pour l’errance.


Ce premier LP a été pressé en nombre limité par le label US Father / Daughter. Les huit chansons qui le composent s’inscrivent dans la lignée sonique de plusieurs groupes actuels, comme White Fence, Blackfeet Mystic Braves ou les Young Sinclairs ; ceux-là même qui aiment manipuler la pop psychédélique avec la plus grande délicatesse. Si des titres comme "Other State", "Watch it Grow" ou "Strangers Below the Wire" se détachent, le disque fait tout de même preuve d’une certaine linéarité, tissant des ambiances qui devraient laisser de côté les plus hargneux, insensibles aux mélodies cristallines envoûtantes. Pour les autres, il n’y a qu’à s’abandonner dans ces nappes de guitares gavées de reverb, extraites d’un rêve étrange et nébuleux.


Je vous conseille également leur première cassette, Slow Friends, d’une volupté égale, mais où le son des Everywheres prend une tournure plus folk et indie-pop, quelque part entre Real Estate et Campfires. On y retrouve quelques superbes chansons comme "Slow Friends", "Tripping", "Frightened Face" ou encore "Breeze Friends", jouées avec une décontraction tellement communicative qu’elles se transforment en ode à la glande.
Punching Joe