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vendredi 23 décembre 2011

Apple Brains, Get Fruity!!

Vegetarian indie-rock



Les baby-sitters fans de Jonathan Richman en ont un jour rêvé, tout comme n’importe quel parent branché : distraire leurs marmots avec un bon album d’indie-rock parfaitement adapté, si possible composé par un végétarien californien obsédé par la bonne bouffe. C’est ce qu’a réalisé l’enthousiaste Allen Bleyle, en l’espace de 12 chansons barrées et fruitées, avec son projet Apple Brains. Car si les comptines s’adressent en premier lieu aux bambins (Bleyle fait d’ailleurs le tour des écoles primaires et des camps de vacances avec sa guitare), nul doute que n’importe quel indie-rocker de base trouvera son compte dans ces sucreries DIY parsemées de bruits bizarres. En témoigne le pressage de l’album en cassette chez Burger Records et, plus récemment, en vinyle chez  les garageux de Slovenly Records.




Si Bleyle milite ardemment pour une nutrition saine et équilibrée on se demande néanmoins si ces chansons n’ont pas été composées pendant une overdose de sucre. Prenez par exemple "Peanut butter & jelly how they met song" ou encore l’hystérique "Lots of different colors", qui auraient très bien pu résulter d’une jam sous acide entre Bob l’Eponge et Dora l’exploratrice, le tout sous l’œil pervers de Wayne Coyne des Flaming Lips. Heureusement derrière cet entassement de bruitages rigolos (aboiements, splash, grognements, et j’en passe), de toy instruments (vous trouverez des soli de kazoo) et de délires dadaïstes, se cachent quand même des mélodies diablement efficaces qui empruntent aussi bien à l’easy-listening qu’à l’indie-rock lo-fi des années 80, ou à l’anti-folk. Un mélange assez psychédélique où l’on croirait entendre les Camper Van Beethoven ("Apple x3") ou l’ami Jeffrey Lewis ("Wonder Worm"). Et notre joyeux troubadour pense aussi aux enfants plus calmes, en balançant quelques petites balades toutes jolies, comme l’irrésistible ode à la mangue "A mango is a precious egg to be cherished".

     Il est difficile de résister à l’univers d’Allen Bleyle, qui a le mérite de produire une musique inspirée et facile d’accès, sans prendre pour autant les gosses pour des débiles (l’histoire d’un ver de terre super-hero c’est quand même autre chose qu’une taupe chantante attardée). Un univers non-hermétique qui pourra aussi faire swinguer vos vieux os.
Punching Joe

NB : Ne vous étonnez pas trop quand même si, plus tard, votre enfant/petite cousine/petit frère/or whatever, vous réclame du Zappa pour ses 10 ans.
Une interview pour en savoir plus le boy


"Apples x3"

lundi 5 décembre 2011

Cosmonauts, New Psychic Denim, EP

Acouphènes

Originaires d’Orange County, au sud de Los Angeles, les jeunes Cosmonauts débarquent en 2010 avec un premier LP, Cosmonauts, publié chez BurgerRecords. On connait bien le label pour son excellent catalogue en matière de garage mais aussi, et surtout, pour sa particularité de ne produire quasiment que des cassettes. Aussi cool soit-il, ce format reste quand même, avouons-le, un truc de geek. Alors quand, en plus, ce premier LP n’est édité qu’à 250 exemplaires, là on est carrément dans l’élitisme (c’est d’ailleurs ce qu’explique bien cette chronique de PlanetGong).

Rebelote en mars dernier avec l’EP New Psychic Denim. Mais cette fois le groupe a quand même la bonne idée de poster le disque sur son bandcamp, où on peut donc l’écouter et aussi le télécharger. Huit chansons d’une qualité affolante qui en font l’un des meilleurs albums de garage/psyché de 2011.


Le son des Cosmonauts est la rencontre explosive entre le rock répétitif des Spacemen 3, le psychédélisme old-school des 13th Floor Elevators et les garage-uppercut de Thee Oh Sees. Dès le premier titre, "Psychic Denim", on comprend que les californiens sont du genre à jouer à bloc, « in the red » quoi. Avec ses guitares assourdissantes et sa rythmique éléphantesque la chanson se positionne dans le peloton de tête des garage-songs les plus brutales de cette année, non loin de "Blood on the wall" de Blasted Canyons. Un son abrasif donc, que le groupe se défend d’obtenir depuis des pédales d’effets. Comme on l’apprend dans cette interview, ce qu’ils aiment c’est pousser leurs amplis à fond : « les Kinks n’obtenaient pas leur son avec des pédales, ils foutaient juste leurs amplis en l’air ! C’est plus cool comme ça ». Difficile de reprendre son souffle dans ces conditions, avec des pistes toutes plus asphyxiantes. Prenez "Dreamboat", avec son riff sixties d’abord docile mais dont la répétition maniaque finit par nous anéantir. Ou encore "Please Don’t Make Me Blue" où le chant, même hurlant, peine à se faire une place tant les saillies soniques sont extrêmes. Ils se permettent même une incroyable reprise de "Little Honda" des Beach Boys, une chanson déjà sérieusement violentée par Yo La Tengo il y a 14 ans.

Expérience sonore radicale, New Psychic Denim est le genre de disque dont l’écoute devient vite obsessionnelle. Les Cosmonauts retranscrivent leur fougue adolescente sur des chansons insouciantes et imparables. Une vraie leçon de rock’n’roll !
Punching Joe



Petit concert qui s'ouvre sur "Psychic Denim"