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lundi 19 novembre 2012

Paws-Cokefloat !

Même s’il apparaît finalement peu dans ces lignes, l’indie-rock est très apprécié par ici. Récemment est sorti le dernier Dinosaur Jr (Bet on Sky), et si je n’ai pas chroniqué cette nouvelle livraison du trio Mascis-Barlow-Murph, ça ne m’a pas empêché d’en penser beaucoup de bien. Et ouais, les riffs à la fois tendres et grossiers des années 90, c’est aussi mon truc. Alors, c’est avec une joie non dissimulée que j’ai accueilli Cokefloat !, le premier LP des écossais de Paws, qui transpire de tout son être le rock adolescent et décomplexé made in nineties.

Power-trio bien basique, Paws ne fait pas vraiment dans la dentelle. Cokefloat ! se constitue en grande partie de titres instantanés, en forme d’hymnes punk-rock à l’efficacité redoutable. Que ce soit sur le tubesque "Jellyfish", ou "Homecoming" et "Bloodline", ça joue vite et bien, sans vraiment s’encombrer de détails. Il faut dire qu’il y a ce son typique dont la spontanéité balourde et l’insouciance font forcément mouche : guitare à la fois musclée et délicate, basse ronflante et bien sûr caisse claire parfaitement surmixée : les bougres ont compris tout ce qui faisait le charme de l’esthétique sonore du genre. En plus, la production est de leur côté, avec un grain bien épais qui évite aux compos de franchir la ligne rouge les séparant du mauvais goût.

 "Jellyfish", live

Mais il ne faut pas se fier à ce premier degré assumé par Cokefloat ! car le disque possède d’autres facettes. Derrière leurs dégaines dumb’n’dumber, les Paws sont en effet capables d’écrire de vraies belles chansons qui élèvent le disque à un autre niveau. La délicatesse gauche de "Pony" par exemple est très touchante,  tout comme la mélancolie irradiante de "Catherine 1956" qui ouvre le disque avec grande classe.

Et, toujours à la manière des bons disques nineties, Cokefloat ! est un peu trop rempli. Il aurait sûrement gagné à n’être composé que de dix morceaux au lieu de treize. Mais bon, c’est la tradition et c’est ce qui fait aussi tout le charme de la démarche, pleine d’envie, de fraîcheur et d’ondes positives. 
Punching Joe

L'album, sorti sur Fat Cat Records est en écoute intégrale ci-dessous :


jeudi 15 novembre 2012

Bad Indians-Sun People EP



Découverts du côté de chez Requiem pour un Twister, les américains de Bad Indians nous avaient convaincu avec leur précédant 45 tours, the Path Home. Ils y jouaient une pop-psyché foutraque juste comme il faut, parcourue d’effluves garage, voire indie-pop. Sur ce nouveau EP, sorti au printemps 2012 sur Urinal Cake Records, ils affirment un peu plus leur son.

La face A, excellente, débute par un joli arpège, celui de "Sun People", une chanson pop un brin étrange mais au refrain accrocheur. "If I had a chance" enquille dans une vaine très indie-pop avec quelques relents psyché succulents. Deux chansons où l’on retrouve donc ce son typique des Bad Indians, mêlant des influences a priori hétéroclites, mais qu’ils savent marier astucieusement.

La face B s’aventure elle dans un rock-pysché plus velu. Moins grelottant, le clavier s’affirme sur "Hate" et pose les bases d’un morceau à la rythmique lourde et aux guitares décomplexées. Sur "The Other Side", ils enfoncent le clou et balancent un titre enlevé, dans un pur style "Austin", avec notamment un riff dont le groove rappelle fortement les 13th Floor Elevators.

Sun People confirme donc tout le bien qu’on pensait des Bad Indians. Ils s’imposent un peu plus comme un groupe à la personnalité musicale forte, capable de varier son style avec intelligence et panache. On attend le premier LP avec impatience.
Punching Joe

l'EP en écoute :

mercredi 14 novembre 2012

Architectures de papier



Il y a maintenant plusieurs années, au cours d’une de mes pérégrinations sur la toile, j’ai découvert le travail hallucinant de l’artiste danois Peter Callesen, maître dans l’art de la découpe de papier et du collage minutieux. Jamais jusqu’ici je n’avais eu l’occasion de contempler ses œuvres ailleurs que sur le net, mais c’est à présent chose faite, avec l’exposition Architectures de papier qui se déroule jusqu’au 17 mars à la Cité de l’architecture et du patrimoine.

Peter Callesen, né en 1967, a plusieurs cordes à son arc : photo, dessin, performances, mais c’est avant tout comme sculpteur qu’il s’est fait connaître. Et pas question ici de tailler la pierre ou de souder les métaux…Callesen découpe…le papier….et fait émerger de la page blanche un univers en 3D. Sa matière de base peut tout aussi bien être une banale feuille A4  que des rouleaux de plusieurs mètres. L’artiste crée une vraie poésie entre la structure qui prend forme dans l’espace et les entailles qui s’incrustent dans le papier en jouant sur les oppositions, les contrastes. Ces quelques clichés d’œuvres (qui ne figurent pas au sein de l’expo) sont assez représentatifs :





L’exposition Architectures de papier compte trois pièces du danois, deux A4 et un grand format. J’ai beau vous faire des descriptions et vous montrer des photos, inutile de dire que rien ne remplace une visite sur place pour vraiment se rendre compte de la précision exquise de ces objets. 
L’exposition n’est pas grande mais bien organisée, avec une attention portée à l’éclairage, servant la mise en scène du papier. L’idée de base est de  mettre en avant les héritiers d’une longue tradition liée à cette matière, à la fois fragile et symbole de longévité. Il s’agit de bâtir avec du délicat, de l’aérien.

Peter Callesen
Mis à part ceux de Callesen, l’exposition compte des travaux d’Ingrid Siliakus, Mathilde Nivet, Stéphanie Beck et Béatrice Coron. La première réalise des pop-up inspirés de paysages urbains familiers, déconcertants d’exactitude et de régularité. 

Ingrid Siliakus
C’est à Mathilde Nivet que l’on doit les pièces les plus colorées de l’exposition avec des collages en relief donnant à voir des concentrations citadines denses et attractives. Stéphanie Beck quant à elle crée des ensembles de constructions, étranges maquettes desquelles toute présence humaine semble évincée. Enfin Béatrice Coron signe les pièces les plus monumentales de l’exposition, sorte d’immenses pochoirs noirs où fourmillent des populations énigmatiques.

Mathilde Nivet
Stéphanie Beck, Béatrice Coron

Seul conseil : si vous croyez avoir fait le tour de l’unique salle qui contient ces Architectures de papier, regardez encore il est fort probable qu’un subtile et charmant détail vous ait échappé.

Hanemone

mercredi 7 novembre 2012

Ty Segall et les reprises



L’art de la reprise. Si elle est parfois peu excitante et inutile, elle reste pourtant essentielle dans l’histoire de certains courants musicaux contemporains. Le garage sixties par exemple, qui a construit son identité en réinterprétant avec fureur certains standards du rock’n’roll et du RnB. La tradition ayant perduré, les jeunes pousses d’aujourd’hui n’hésitent pas, à leur tour, à faire parler leur imagination et à se frotter à la discographie des aïeux. 

Et si quelqu’un fait figure de maître en la matière, c’est bien Ty Segall. En plus de construire une discographie colossale, il nous gratifie à intervalles réguliers de reprises dont il a le secret, que ce soit sur LP, 45 tours ou split album. Une manière de se défouler et de rendre hommage aux groupes qui ont compté pour lui. Ainsi il n’y a rien de mieux que de jeter une oreille à ses covers pour en apprendre un peu plus sur le personnage. Sans surprise on découvre un Ty Segall aux références qui dépassent largement les frontières du garage : punk (Chain Gang, Ramones, GG Allin…), glam (Bowie, T-Rex), psyché (Pink Floyd, Captain Beefheart), ou des classiques (Velvet, Brian Eno), Ty n’oublie personne. On a eu envie de regrouper dans une même playlist toutes ses reprises ayant été gravées sur du microsillon depuis qu’il exerce en solo. On a essayé d’être exhaustif mais il est fort probable qu’on en ait oubliées quelques unes, cachées au fin fond d’une collaboration ou d’un 45 tours pressé à 50 exemplaires (de la même manière on n’a pas mis le Ty Rex en entier). 

Vingt-trois reprises, plus de quarante minutes de musique : Enjoy !


 Ty Segall covers

Le Tracklisting complet avec un lien vers les versions originales :

>"Son of sam" - It, Chocolate Covered. (l'originale de Chain Gang)
>"You Should Never Have Opened That Door" - S/T LP, Castle Face (l'originale des Ramones)
>"Bike" - Horn the Unicorn, HBSP (l'originale de Pink Floyd)
>"Be a caveman" - Ty Segall / Black Time, Telephone Explosion ‎(celle des Avengers aussi reprise par les Dwarves, dont Segall semble s'être directement inspiré)
>"Do it clean" - My sunshine, Trouble in Mind (l'originale d'Echo & the bunnymen)
>"Take Up Thy Stethescope And Walk" - Reverse shark attack, Kill Shaman (l'originale de Pink Floyd)
>"Dropout Boogie" - Lemons, Goner (l'originale de Captain Beefheart)
>"Maria Stacks" - Ty Segall / thee Oh Sees, Castle Face (l'originale des Oh Sees)
>"Bulletproof nothing" - Caesar, Goner (l'originale de Simply Saucer)
>"Pretty Woman" - Our Boy Roy, Telephone Explosion (l'originale de Roy Orbison)
>"Buick Mackane" & "Salamanda Palaganda" - Ty Rex, Goner (Celles de T-Rex ici et )
>"2+2=?" - Split 45t, Trouble in Mind (l'originale de Bob Seger)
>"Don’t talk to me" & "Baby baby baby" - Live In Aisle 5, Southpaw (GG Allin et the Vibrators)
>"Cherry Red" - Spiders, Drag City (l'originale de Groundhogs)
>"Fame" & "Suffragette City" (with Mikal Cronin) - Group Flex, Castle Face (celles de Bowie ici et )
>"I think I’ve had it" - Singles 2007/2010, Goner (l'originale des Gories)
>"Needles In The Camel's Eye" (with Dillon Watson) - I Hate the kids 7", Nashville's dead (l'originale de Brian eno)
>"The Bag I'm In" & "Diddy Wah Diddy" - Slaughterhouse, In the Red (Fred Neil et Bo Diddley)
>"Femme Fatale" - Velvet Underground & Nico Tribute, Castle Face (l'originale du Velvet)