barre onglet

lundi 30 avril 2012

Tronics, Shark fucks 7’ / Love backed by force LP



Actif entre 1978 et 1984, Tronics est le groupe d’un homme, Ziro Baby. Musicien et artiste du Londres underground, il a dès son adolescence poussé la chansonnette dans différentes formations. Il fonde Tronics à 17 ans et sort ses deux premiers 45 tours, ainsi qu’une cassette (What's The Hubub Bub, rééditée sur CD en 2001), sur son propre label, Alien Records. Sa musique ? De l’indie-rock avant l’heure, du punk découenné, de la pop décadente, en tout cas un truc assez unique qu’il n’est pas donné d’entendre tous les quatre matins.

Malheureusement, perdus dans les greniers des collectionneurs, de nombreux enregistrements des Tronics sont longtemps restés de l’ordre du mythe. Une frustration que le label new-yorkais What’s Your Rupture est venue comblée en début d’année en rééditant deux pièces maîtresses de la discographie du groupe : le LP Love backed by force et le 45 tours Shark fucks.

Ce dernier constitue un point d’entrée idéal dans le monde bancal des Tronics. Notamment grâce à sa face A, "Shark fucks" donc, un petit bijou de garage-rock DIY. Une grande chanson faite de pas grand-chose : un riff martelant un rythme aussi basique qu’entêtant, une batterie rudimentaire et la voix traînante de Ziro Baby, agrémentée de ce succulent accent british. Bref, un feeling incroyable qui annonce les Gories avec dix ans d’avance. La face B, "Time off", n’est pas en reste puisque elle nous sert un petit tube groovy façon Elvis Costello, refrain catchy et saxo à la clé.

A partir de là, si vous êtes comme moi tombés amoureux, il ne reste plus qu’à se plonger dans Love backed by force. Sortie la même année que Shark fucks, cette collection de chansons minimalistes et absurdes est un trésor précieux qu’on aurait envie de garder rien que pour soi. Tout y passe : le folk fragile, le garage primaire, le noise-rock, la pop déglinguée… Autant d’idées liées par cette même nonchalance réconfortante, qui fait scintiller la musique de Tronics dans ses moindres hoquettements, dans chacune des ses hésitations. Jetez une oreille à la sublime et intemporelle "They’re talking about us" et vous comprendrez.

"They're talking about us"


Aujourd'hui Ziro Baby n’est plus, puisqu’il est devenu « Zarjaz ». Il continue néanmoins à faire de la musique avec un nouveau groupe, Freakapuss. En tout cas gloire à What’s your rupture pour ces rééditions qu’on serait tenté de qualifier d’indispensables.

Pour continuer sur le web :
-Le site de Ziro Baby/Zarjaz
-Un interview toute récente pour cerner un peu mieux le personnage (anglais)

Punching Joe

mardi 24 avril 2012

Australian Indie-rock mixtape

Vous l'avez peut-être remarqué, on aime bien l'Australie sur Walking with the beast. Récemment les chroniques sur des groupes Aussies se sont enchaînées, et à raison, puisque la qualité des disques écoutés nous a complètement enthousiasmés. Indie-pop, post-punk, punk-rock, garage sixties : l'indie-rock est bien roi aux antipodes !

C'est pour ça que l'idée nous est venue de faire une petite mixtape, histoire de partager les trucs cool qu'on aime écouter depuis quelques temps. Evidemment rien d'exhaustif, au contraire, une vision très subjective, alors n'hésitez pas à évoquer vos autres coups de coeurs.

Voici donc 9 chansons, pour 9 groupes différents, avec du groove, des riffs qui piquent les oreilles, des synthés qui dégoulinent, des rythmiques renversantes et plus encore... Et comme on est des coquins on a mis en bonus un pseudo "hidden track".

Enjoy !




Track list :

1.Royal Headache "Never again" (RIP Society)
3.UV Race "Inner north" (In the Red)
4.Total Control "One more tonight" (Iron Lung records)
5.Pond "Fantastic explosion of time" (Modular)
7.Twerps "Dreamin" (Underwater People)
8.Frowning Clouds "Time Wastin' Woman" (Saturno records)
9.Straight Arrows "Bad Temper" (Rice is nice)


Punching Joe

lundi 23 avril 2012

Animal Collective, Spirit they’re gone, spirit they’ve vanished



J’ai cherché mais je n’ai pas trouvé. Non, Animal Collective n’a jamais était si beau que dans ce Spirit they’re gone, spirit they’ve vanished, leur premier album sorti en 2000.

Pourtant l’accueil, tout en dithyrambes, qu’a reçu Merriweather Post Pavilion, leur dernier disque à ce jour (2009), aurait pu nous faire croire qu’on tenait là le sommet de leur discographie (10 LPs à ce jour). On parlait même de sauveurs de la pop moderne, de quintessence de la création musicale 2.0. Et pour tout vous avouer, je n’étais pas loin de penser ce genre de conneries. Pourtant, après 3 ans de maturation je suis revenu sur mon jugement : Merriweather Post Pavilion est certes un bon album mais il manque parfois de relief, pour ne pas dire d’âme. Et si, par ailleurs, j’ai beaucoup d’affection pour  Feels ou Strawberry Jams, je ne peux pas m’empêcher de penser que le groupe n’atteindra jamais ce qui a été accompli sur Spirit they’re gone, spirit they’ve vanished.

Enfin, le groupe, c’est vite dit, puisqu’à l’époque Animal Collective n’est pas un quatuor mais le projet d’un seul homme, David Portner (aka Avey Tare) compositeur et chanteur, qui pour l’occasion s’est adjoint les services Noah Lennox (aka Panda Bear), venu apporter ses folles percussions. Autoproduit sur leur label Animal (futur Paw Tracks), le disque a fait l’objet d’une réédition Cd chez Fat Cat, accompagné de deuxième opus du groupe, l’obscure Danse Manatee

Spirit they’re gone, spirit they’ve vanished n’est pas seulement l’album du commencement d’un groupe; ici les enjeux sont plus grands. Il semble même au contraire être une conclusion. La conclusion de l’enfance, que les vieux ados Avey Tare et Panda Bear mettent en musique dans une chambre lugubre. Pour cela le duo de Brooklyn malmène la pop en 11 chansons insouciances, noires et totalement fascinantes. Avey Tare étale ses tripes fraîches sur bande et entame une descente abrupte dans les tréfonds de son esprit. Jusqu’à un point de non retour, comme le répète cet enregistrement d’une voix d’enfant qui clôt la traversée : « My singin’ voice is gone, my singin’ voice is gone ».

Chocolate Girl

Mais avant d’en arriver là, l’auditeur doit se frayer un chemin au travers des ronces. Animal Collective crée son propre langage musical qui, s’il n’est pas complètement original (on aperçoit les silhouettes fantomatiques de Sonic Boom , Syd Barrett, Stephen Malkmus et bien sûr Robert Wyatt), déconcerte par sa liberté et son souffle acide. "Spirit they’ve vanished" ouvre l’oeuvre sur 5 minutes de bidouillages dronesque, d’où s’échappe une voix venue de l’au-delà. S’en suit "April and the Phantom" et son intro qui préfigure presque le Glitch (art visuel et/ou sonore qui met le bug au centre de la création), puis "Untitled" avec sa douce mélodie de piano étouffée par des interférences presque insupportables. Mais une fois ses limbes traversées, une lumière perce l’obscurité maladive. "Penny Dreadfuls" d’abord, écrite à 16 ans par Avey Tare, est une sublime balade déglinguée au piano, d’une simplicité et d’une justesse aberrante. "Chocolate Girls" enchaîne et monte encore le niveau. Chanson la plus rigoureuse formellement, elle voit pourtant deux musiciens s’en donner à cœur joie. Tare pose sa voix hantée par paroles inquiétantes sur des synthés directement sortis de Rock Bottom, tandis que Panda Bear martèle avec frénésie sa batterie poussiéreuse. A partir de là, impossible de décrocher. "Bat you’ll fly" fait une excursion magique dans le futur du groupe et "Someday I'll Grow To Be As Tall As The Giant" nous fait voir les étoiles avec sa ritournelle naïve. 

Mais il semble encore manquer quelque chose pour lier tout ça, une étincelle. Elle arrive enfin avec "Alvin Row", monument de plus de 12 minutes qui synthétise toutes les idées avancées précédemment. L’écriture est limpide, à la fois zigzagante et complètement évidente. Les rythmiques, les bidouillages, sont insensés, venant travailler sur l’os les couches de piano et de guitare acoustique. Tout est là, et ne sera jamais dépassé par la suite.

Alvin Row

En composant ce Spirit they’re gone, spirit they’ve vanished, Animal Collective joue avec des sentiments enfouis, que l’on aurait jamais cru voir réapparaitre un jour. A l’aube du nouveau millénaire, ces conteurs pop indolents anticipent l’arrivée massive du mp3 et compressent sans retenue la musique qui a bercé leur enfance. La venue de nouveaux membres emmènera le groupe vers d’autres galaxies, pas complètement éloignées de cette chambre, mais où la mélancolie ne sera jamais aussi belle et prenante.

Punching Joe

vendredi 13 avril 2012

Woollen Kits, s/t LP



Les magazines ont beau essayé de nous faire croire le contraire, on le sait bien, le rock ce n’est pas du sérieux. Et les 3 membres de Woollen Kits l’ont bien compris. Sorti sur l’excellent label RIP Society (Royal Headache) et produit par Mikey Young d’Eddy Current Suppression Ring, leur premier LP séduit par un indie-rock déglingué qui sent bon la glande. 

Comme pour tous les groupes venus d’Australie on pourrait partir dans des métaphores sur le surf, l’océan et le soleil…Erreur. Les mecs de Woollen Kits doivent plutôt être du genre à garder leur jean sur la plage et à se taper des bières tièdes en se foutant de la gueule des gravures de mode qui font mumuse sur les rouleaux. Comment pourrait-il en être autrement quand on écrit une chanson aussi lascive que "I love you" ? Un seul mot d’ordre ici donc : relax.

Le clip de "Out of Whack"

Et question je m’en foutisme élevé au rang d’art, les Woollent Kits en connaissent semble-t-il  un rayon. Pavement, Modern Lovers, the Clean ou encore Beat Happening, autant d’ainés plus que respectables qui font irruption dans les compositions du trio originaire de Melbourne. Les riffs sont délicieusement basiques et noisy ("Sloan") et les refrains, cons comme la lune, à base de na na na na, restent immédiatement en tête (le fabuleux petit tube "University Narcolepsy"). En revenant à des choses simples les Woollen Kits parviennent à écrire de superbes chansons catchy et rock’n’roll, que l’on aime fredonner à longueur de journée en dandinant mollement le cou. Comme "Out of Whack" par exemple, sorte de cousin comateux de "Which way to go" de Eddy Current Suppression Ring ou encore "For You" toute de swing vêtue. Mais attention,  ils sont aussi capables de belles envolées, comme avec la pépite indie-pop "Always" qui nous scotche sous un déluge de guitares. 

Peut-être que ce disque s’adresse trop précisément à mon éternelle âme d’étudiant glandu et que je m’emballe un peu, mais n’empêche, c’est un des meilleurs trucs que j’ai entendu depuis ce début d’année et la bête n’est pas prête de quitter ma platine de si tôt…University Narcolepsy, Na na na na na

jeudi 5 avril 2012

Croque Macadam : 45 tours mon amour




Si pour les éternels amoureux du microsillon il n’a jamais disparu, le 45 tours a eu du mal à séduire les nouvelles génération. Heureusement il repointe aujourd’hui le bout de son nez, profitant de la nouvelle ferveur autour du vinyle. Il faut avouer que ces petites galettes de 17 centimètres de diamètre possèdent un capital charme assez évident : pas chères, jolies et souvent collector, il est difficile de résister.

Mais au-delà de l’aspect plastique, les 45 tours permettent aussi la découverte de véritables pépites musicales. Si les artistes déjà en place s’en servent pour balancer des raretés ou des faces Z, ils sont pour beaucoup de jeunes groupes une formidable occasion de marquer les esprits en donnant le meilleur d’eux même sur une poignée de pistes.

C’est ce qu’a bien compris le tout jeune label francilien Croque Macadam (Montrouge), crée il y a quelques mois. Mené par Alex Twist, de l’excellentissime blog Requiem pour un twister, Croque Macadam a déjà sorti quatre 45 tours, mettant en avant de jeunes musiciens prometteurs.

Les derniers en date viennent de Londres et s’appellent French Kissing. Les deux morceaux sortis sur Croque Macadam sont tout simplement exquis. Notamment "Wild woman" dont la guitare et la basse montées sur ressorts permettent quelques déhanchements syncopés exaltants. On invite fortement à suivre ce groupe qui compose de vrais bons morceaux de garage-surf détachés et cool, dans la lignée de leurs collègues d’outre atlantique, les Black Lips. 
Plus tôt dans l’année ce sont les ricains de Triptides qui ont eu droit à leur 2 titres sur Croque Macadam. Un bel objet (superbe pochette et vinyle blanc) qui reprend deux chansons extraites de l’excellent premier album du groupe que l’on n’avait pu écouter jusque là qu'en version digitale. 
Le catalogue compte aussi les Spadassins, groupe rennais dont certains membres font partis de Sudden Death of Stars, avec un 4 titres, toujours sublimé par un artwork léché. La face A, d’un charme désuet irrésistible, remet les 5 Gentlemen au goût de jour, tandis que la face B, chantée en anglais, verse avec coolitude dans le R&B et la soul.
Enfin, pour finir, nos petits préférés (également première référence du label) les magnifiques Guillotines. Voici quatre jeunes gens de la région parisienne dont les deux chansons tournent encore très régulièrement. "L’absinthe", toute de fuzz vêtue, éructe un rock’n’roll excité et suave, tandis que "L’aube" nous caresse langoureusement avec sa mélancolie psyché et ses paroles troublantes. Probablement une des meilleures chansons française entendue en 2011. 
Les Guillotines - l'absinthe (CRM001B) by Croque Macadam


Il ne vous reste plus qu’à vous procurer ces friandises. Rendez-vous donc chez les bons disquaires ou alors sur le site de Croque Macadam, en attendant la suite avec impatience.

Punching Joe