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vendredi 23 mars 2012

The Feeling of Love/Ty Segall, Split tour 7"

L'artwork de la face the Feeling of love. Celui de Ty Segall est différent

Les split albums ça peut vraiment être cool mais aussi parfois un peu fourre tout et donc chiant (Cf le récent Total Control Vs Thee Oh Sees sur Castleface Records). Heureusement ici, la rencontre entre nos français préférés de the Feeling of Love et le valeureux Ty Segall s’est soldée par un single court et efficace. Le vinyle est distribué en un nombre assez limité d’exemplaires par le label de Chicago Permanent records (Cosmonauts, the Pizzaz).

Pressé à l’occasion de la tournée US printanière de Feeling of Love en compagnie, pour quelques dates, de Ty Segall, le disque est une petite merveille. En l’espace de deux chansons inédites, il concentre ce que les groupes ont fait de mieux récemment.

Sur la première face, the Feeling of Love travaille le microsillon au chalumeau avec la sulfureuse "I could be better than you but you don’t wanna change". Souvent entendue en live, cette tuerie se retrouve enfin sur disque et on est bien content de pouvoir se délecter  à nouveau du fameux Feeling of Love’sound : un clavier maniaque qui copule sans retenue avec une guitare suintante, elle-même écrasée par les coups de massue de Seb Crash, qui s’en donne à cœur joie derrière les fûts. Ouch !

On en oublierait presque que la seconde face est occupée par un certain Ty Segall, le prince de San Francisco. Avec "It’s a problem", il reprend la formule entendue sur Goodbye Bread, et pond une petite pépite aux accents Bolanesque, d’une fluidité déconcertante. La classe, comme d’hab’.
Punching Joe


Ecouter :

Feeling Of Love - I Could Be Better Than You But I Don't Wanna Change by permanentrecords

vendredi 16 mars 2012

Royal Headache, s/t LP



A l’écoute d’un disque de garage, de punk ou de tout autre sous-genre rock’n’rollesque, on ne prête pas forcément une attention démesurée au chant. Au pire c’est un accessoire, au mieux un petit plus. Pourtant quand un grand vocaliste fait irruption, on comprend que sa seule présence peut transformer un bon disque en œuvre géniale. C’est un peu le cas avec le premier LP des australiens Royal Headache. Si leurs chansons,  mélangeant power-pop et punk, sont excellentes, elles prennent une autre dimension grâce à un certain Shogun, qui bouffe le mic avec un charisme incroyable. 
Sorti en 2011 sur R.I.P Society (Woollen Kits, Straight Arrows), on a découvert récemment le disque grâce au label français XVIII Records, chargé de distribuer la bête dans nos contrées. Et sur le papier le menu est alléchant : 12 chansons, à peine 30 minutes, le tout sous l’égide de Mikey Young (Eddy Current Suppression Ring) et Owen Penglis (Straight Arrows) à la production. Banco !

Les premières écoutes peuvent laisser perplexe : ça va vite, très vite, trop vite ? Une rickenbacker virevoltante met les radars dans le rouge. Un instant, on soupçonnerait presque une réincarnation de Jay Reatard. Heureusement, quand le palpitant se calme et que le cerveau finit par comprendre ce qui lui arrive, la musique de Royal Headache se déploie dans toute sa splendeur. Aussi concises et fulgurantes soient-elles, leurs chansons sont d’une fluidité incroyable. On croirait entendre Is this It des Strokes joué en 45 tours par minute ("Surprise") avec la section rythmique des Eddy Current Suppression Ring. Solide.

"Pity" live 
(Shogun ou l'anti-hipster)

Difficile de réduire le disque à un genre unique tant les compositions dévoilent petit à petit leurs multiples facettes. La face A fait la part belle au punk qui sent bon des aisselles ("Never again") et à la power-pop qui claque ("Girls"), tandis  que la face B s’oriente vers la pop anglaise ("Distant and vague"), le garage ("Pity") ou encore le surf ("Wilson street"). Le tout sublimé par ce fameux Shogun. Son timbre singulier, quelque part entre la délicatesse râpeuse de Julian Casablancas et les intonations désuètes de Morrissey, ne fera sans doute pas l’unanimité mais tout de même, voilà un type au charisme vocal bluffant ! Libres, brutales, démodées, touchantes, chacune de ses éructations, à la sincérité incontestable, donne épaisseur et fougue à cet album déjà indomptable.

Première grosse claque de l’année ce LP de Royal Headache ne devrait pas prendre la poussière de si tôt. Rares sont les disques qui provoquent une telle sensation de plénitude et marient si facilement l’urgence punk et vrai grand chanteur. Pas évident en effet de mettre de l’âme là où l’instantané prime. En ce sens il est impossible de ne pas penser aux sublimes Undertones, desquels Royal Headache se rapproche naturellement. Ouais, la classe on vous dit.
Punching Joe

vendredi 2 mars 2012

The Spyrals, s/t




Comme les Black Angels, the Spyrals n’existeraient probablement pas si, un jour de 1966, Roky Erickson du 13th Floor Elevators n’avait pas fait émerger de son cerveau malade le riff emblématique de "Rollercoaster". Heureusement pour l’histoire du rock, ces quelques notes obsédantes ont marqué plusieurs générations et, encore aujourd’hui, leur résonnance est capable de traumatiser n’importe quel musicien en herbe. 

Avec leur premier LP, les Spyrals font perdurer cet héritage psychédélique de manière assez habile. Basés à San Francisco, le trio avait déjà sorti un 45 tours en 2011. Si ce LP est disponible en mp3 et en CD depuis quelques semaines, il va falloir patienter jusqu’à cet été pour le voir publier en vinyle. En attendant on peut se laisser imprégner par ses sonorités qui, si elles ne réinventent pas le genre, attaquent sans retenue nos synapses.


Clip de "Trying to Please"


"Lonely Eyes" ouvre les hostilités avec style. Dès sa première boucle, le riff colle à la peau et, les yeux mi-clos, on commence à se balancer lentement : gauche, droite, gauche, droite… On est bien là. Basse dodue, guitare spectrale qui claque et batterie rudimentaire, la formule est éculée mais quand c’est bien fait, on jouit vite. Les Spyrals se démarquent cependant des Black Angels (enfin pas sur "Long road out" et "Trying to please", où ils ne sont pas loin du copié-collé) par un son plus clair et sec où les effets n’arrivent qu’en second rideau. Ca ne les empêche pas pour autant de déployer des compos denses et pesantes comme sur la fabuleuse "Calling out your name". L’apothéose arrive avec "the Rain", LA chanson qui prouve que les Spyrals ont un vrai mojo et un sacré potentiel. Harmonica en reverb, voix à la Fogerty et progression effrénée, on déguste sévère pendant 3 minutes 46. 

Entre redite inspirée et uppercuts ravageurs, ces 9 titres révèlent un power-trio qui pourrait bien faire parler de lui dans le futur. Tout est là : un son typé, une voix charismatique et des chansons solides… Il ne manque plus que la petite étincelle qui fera sauter ce rock psyché hautement explosif.
Punching Joe


L'album en écoute ci-dessous et rendez-vous sur Bandcamp pour plus d'infos et plus de musique...