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vendredi 18 octobre 2013

The Fresh & Onlys-Soothsayer EP


Au même titre que Thee Oh Sees et Ty Segall, les Fresh & Onlys étaient présents dans l’épicentre du séisme sonique survenu autour de la Baie de San Francisco. Pourtant ils se sont rapidement mis à l’écart de ce fracas, contrairement à leurs collègues qui, eux, plus que jamais, surfent sur le raz-de-marée rock’n’roll. Il est vrai que la troupe de Tim Cohen a toujours préféré les mélodies bien troussées aux riffs sanguinolents. Au point de signer l’an passé Long Slow Dance, un disque lorgnant clairement vers la pop 80s, édité par le label new-yorkais Mexican Summer, figure de proue de l’indie actuel. Et si l’album était encore une fois porté par un songwriting irréprochable et une classe à toute épreuve, il a définitivement expédié les Fresh & Onlys sur une autre orbite, puisqu’au même moment Ty Segall sortait l’explosif Slaughterhouse et Thee Oh Sees préparait le rutilant Floating Coffin. Quel avenir alors pour les Fresh & Onlys ? Vont-ils devenir un fabuleux groupe pop qui serait enfin récompensé pour son génie, ou au contraire une formation indie lambda, au son pépère et aux chansons rassurantes ?


Ce nouvel EP, toujours chez Mexican Summer, donne quelques éléments de réponse. Soothsayer est clairement dans la lignée de Long Slow Dance. La chanson titre ouvre le disque dans un nuage de reverb étiquetée années 80, où la voix de Tim Cohen résonne magnifiquement. Et si des synthés viennent aérer un peu plus la composition, on reconnait la patte Fresh & Onlys grâce à une rythmique atypique et marquée. Ensuite "God of Suez" susurre un riff jangly à tomber par terre, prolongeant la longue liste des grands morceaux écrits par le groupe. Le reste de Soothsayer est malheureusement bien en dessous des attentes. "Glass Bottom Boat" sonne vaguement comme du Gun Club de la fin des années 80, mais au moment où la chanson devrait décoller (ce que sait très bien faire le groupe d’habitude), seules des trompettes mollassonnes viennent étirer le tout. "Deluge of War" souffre d’un mal encore plus grave, celui de ces titres à la production gonflée qui sonnent fatalement creux. En ce sens elle se rapproche de la vacuité romantique exposée par Wymond Miles sur son nouvel album Cut Yourself Free. "Forest Down Annie" ne fait guère mieux avec ses six minutes de pop étrange mais ronronnante, non sans rappeler Magic Trick, la magie en moins. Enfin, "Drugs" sauve un peu la mise, sans être pour autant mémorable.

Les Fresh & Onlys sont donc à un carrefour important de leur carrière : toujours à l’aise pour composer des chansons sublimes, ils sont aussi capables de s’enfoncer tête baissée dans une pop maniérée sans grande inspiration. Et, pour la première fois, des doutes s’installent en vue du prochain album. En attendant, Magic Trick semblerait être de retour et ça c’est une excellente nouvelle.
Punching Joe

2 commentaires:

  1. Argh j'ai eu beau me forcer à ne pas lire ta chronique pour pondre la mienne, je note que l'on se rejoint sur beaucoup de choses ... Bon en même temps quand c'est pas bon, c'est pas bon :)

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  2. :D Oui, en espérant que ce ne soit qu'un écart...

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