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dimanche 26 janvier 2014

Weed-Deserve


Après la décontraction de Purling Hiss et la pop musclée de Paws, on ouvre un nouveau volet dans l’exploration du revival nineties avec son versant punk, fièrement défendu par les Canadiens de Weed. 



Il semblerait que la ville de Vancouver soit une espèce de havre de paix pour la population slackers. Cette année on a notamment vu débarquer the Courtneys, trois filles bloquées en 1991, qui idolâtrent Keanu Reeves, MTV et le rock débraillé. On retrouve cette même esthétique "VHS et jeans troués" chez le quatuor Weed qui vient de sortir son premier LP, Deserve, chez Couple Skate Record. Ils osent même arborer un nom, aussi nul que génial, qui résume en quatre lettres l’état d’esprit d’une musique faite par des branleurs, pour des branleurs.

Si les Weed jouent aux petits malins, leur musique impressionne d’emblée avec "Heal", une chanson taillée dans l’acier qui dégueule des guitares fuzzées jusqu’à l’os. Les saintes chapelles indie-rock sont là (Mudhoney, Dinosaur Jr, Sebadoh, voire les Pixies) mais restent suffisamment en retrait pour éviter au groupe de tomber dans le simple exercice de style. On sent chez Weed une sorte de rage maladroite, tantôt débridée, tantôt précise, qui s’incarne dans des chansons puissantes et lourdes mais toujours un peu déglinguées, et même dispersées. "Set Me Back" galope vers l’inconnu, captant magnifiquement l’essence de cette musique qui réunit la pop et le rock’n’roll sans les soumettre à des schémas préétablis.


La première partie de ce Deverse est irréprochable et on peut encore retenir la noisy "Silent Partner" ou le mur punk "Gun Shy", sur lequel on vient buter avec un certain plaisir masochiste. Le reste de l’album est tout aussi bon, bien que moins percutant, ce qui confirme que le groupe semble plus à l’aise dans les cavalcades punk que dans l’indie-rock chaloupé. C’est d’ailleurs ce qu’on retient au final : un son énorme, avec le duo basse/batterie qui fait un chantier démesuré, laissant place à un rock qui ne s’embarrasse pas de détails mais qui garde tout de même son esprit joueur et insouciant.
Punching Joe

L'album s'écoute en intégralité ici.