barre onglet

dimanche 28 juillet 2013

Big Tits-Ex-repeater 7''


Malgré les apparences, il n’y a aucune volonté ici de transformer un billet musical en machine à clics grâce à une URL putassière. Big Tits est bien le nom d’un groupe new-yorkais qui vient de sortir un excellent premier 45 tours.

Autre précision, ils ne sont pas non plus l’équivalent américain de nos délicats Gronibard. Pas de grindcore donc, mais plutôt une glam-pop sautillante qui n’a bien sûr pas échappé au radar de Matthew Melton, leader de Warm Soda, qui s’est empressé de réaliser une galette sur son label Fuzz City Records.


Fuzz City Records n’a pas été encore évoqué en ces lieux, pourtant le catalogue du label de Matthew Melton vaut le détour avec sa petite poignée de 45 tours où il est forcément question de glam acidulé et de power-pop lo-fi. On retient notamment ceux de Burnt Ones et d’Adam Widener.

Mais la meilleure sortie jusqu’ici est celle de ces fameux Big Tits, projet d’un certain Joey Genovese. Un titre par face et deux tubes glam-pop saturés qui n’ont rien à envier à Warm Soda, King Tuff et consorts. "Ex-Repeater" d’abord, toute en fuzz bubblegum, "I like it a lot" ensuite, qui se chante à tue-tête. On va suivre l’avenir du groupe de très près.
Punching Joe

Fuzz City édite également des compilations sur cassette, Summer of Fuzz, où l’on peut retrouver un autre titre de Big Tits, en écoute ci-dessous.


vendredi 12 juillet 2013

Beaches-She Beats

Chapter Music 2/2

Après la chronique du deuxième album de Dick Diver, on continue notre petit focus sur le label australien Chapter Music avec les cinq filles de Beaches, auteurs de She Beats, un puissant disque aux réverbérations shoegaze et psychédéliques.

Beaches était déjà apparu sur les radars indie en 2008 avec son premier LP. Le petit engouement qui a suivi la sortie a permis au groupe d’aller jouer aux Etats-Unis et notamment de se faire inviter aux All Tomorrows Parties et à l’Austin Psych Fest. En souvenir elles enregistrent même un 4 titres (Eternal Sphere) pour le label new yorkais Mexican Summer. S’en suit une période plus calme pendant laquelle Beaches peaufine à Melbourne ce She Beats. Un  disque qu’elles ont imaginé comme une œuvre collective et qu’elles ont pu travailler sereinement au Transient Studio, l’antre de Jack Farley.


She Beats est un album assez curieux qui, sous ses faux airs d’énième manifeste indie/noisy lambda, se révèle être une œuvre ambitieuse et grandement maîtrisée. Sur 11 titres, on ne trouve finalement que deux chansons répondant au format pop classique : la sautillante "Send them away", parfait single, et "Runaway" qui clôt le disque avec ses guitares catchy et son refrain léger. Pour le reste Beaches fait front, construisant des chansons où la puissance est de rigueur. Une partie de l’album est sous le signe d’un shoegaze qui, à la manière de leurs compatriotes the Laurels, convoque les vapeurs assourdissantes de Ride ("Out Of Mind", "Dune", "Weather"). Si la production est impeccable (joli travail sur les voix, basse monumentale), le disque ne se repose pas sur ce son et va chercher des compositions toujours plus sinueuses. "Distance" fait dans la transe tranquille avec ses cinq minutes de kraut-indie non sans rappeler Yo La Tengo. She beats comporte également quelques pistes instrumentales, et notamment "Granite Snake", énorme morceaux défoncé qui s’envole très haut. La deuxième partie du disque investit d’ailleurs des contrées plus psychédéliques. On retient par exemple la suante "Veda" avec ses tambours tropicaux et une guitare tout droit sortie de White Light/White Heat. Captivant et enivrant, She beats bat aux rythmes fracassés de ses aventurières soniques dont on attend déjà avec impatience le prochain LP.
Punching Joe


Lire la première partie du focus sur le label Chapter Music.
 Ecouter le premier LP de Beaches sorti en 2008 sur le label Mistletone records.

mercredi 3 juillet 2013

Dick Diver-Calendar Days

Chapter Music 1/2

L’histoire est finalement assez banale dans le petit monde du rock alternatif : celle d’un gamin (Guy Blackman) qui s’emmerde dans une ville isolée (Perth, Australie) et qui décide d’éditer lui-même son propre fanzine musical pour partager sa passion. Le paquet de photocopies agrafées avec amour s’appelle alors Chapter 24, en hommage à Syd Barrett. Guy Blackman trouve aussi que Perth regorge de super groupes, mais comme tout le monde s’en fout, il crée un label et commence par vendre des compilations cassettes faites maison (dont un tribute à Sonic Youth). Chapter Music est en train de naître, nous sommes en 1992 et Guy Blackman s’apprête à écrire un nouveau chapitre dans l’histoire des labels DIY, celui d’une structure qui va traverser deux décennies en toute humilité, sans autre motivation que de donner sa chance à des groupes. Délocalisé ensuite à Melbourne, Chapter Music va suivre les envies de son fondateur et bâtir un catalogue varié et pointu, regroupant entre autres : The Cannanes, the Crayon Fields, Primitive Calculators, Tenniscoats, Sleepy Township (son groupe) ou encore Molasses. Aujourd’hui Chapter Music reste une valeur sûre, la preuve avec les sorties récentes des deuxièmes albums de Dick Diver (Calendar Days) et Beaches (She Beats).

Dick Diver est un quatuor de Melbourne qui colle parfaitement à l’esprit de Chapter Music: humble, discret mais qui frappe toujours juste. Sur Calendar Days ils atteignent un raffinement pop rare et signent un des disques de l’année.

Il est essentiellement question d’équilibre dans la pop, d’une harmonie parfaite enveloppant voix et instruments dans une même respiration. Tout en délicatesse et en minimalisme, Dick Diver a su capter en l’espace de 11 titres cet équilibre ultime. Pourtant, loin d’eux l’idée de courir après une innocence, une naïveté, souvent garants de la fameuse "fraîcheur", si rassurante, qu’on aime retrouver dans une pop-song. Leur musique fait au contraire preuve d’une sagesse moins immédiate, mais révèle des chansons intelligentes et précieuses.


"Blue and That" ouvre avec un clavier soyeux faisant flotter une voix Lou Reedienne. Une caresse langoureuse stoppée par "Alice" et ses guitares scintillantes. Dans la foulée "Calendar Days" persiste : quelques accords de guitare claire et un duo de voix mixte en osmose ponctué par un harmonica céleste ; on sait d’ores et déjà que le disque sera sublime. Économe comme du Field Mice, pudique comme du Go-Between, la musique de Dick Diver est autant habitée par ces illustres aînés que par sa propre grâce. ""Boys et "Two Year Lease" se réfugient ensuite dans une chambre lugubre, susurrant quelques notes tombées du ciel entre deux silences béats. "Lime Green Shirt" et "Bondi 98’" gambadent elles sereinement, toujours portées par ce son limpide, tout en retenue, qu’on voudrait entendre plus souvent chez les poppeux. Une production tellement juste que la musique de Dick Diver en devient presque irréelle, des étincelles enivrantes de "Gap Life", à la berceuse lunaire "Amber" qu’on aimerait prolonger pour toujours. Calendar Days n’est pas un rafraîchissement éphémère, mais un grand disque pop sincère dont seules de très nombreuses écoutes feront accepter la réalité.

Punching Joe

♦ La deuxième partie du focus sur Chapter Music avec Beaches.
♦ A noter que des membres de Dick Diver sont aussi dans les rangs d'excellents groupes australiens comme UV Race, Total ControlBoomgates ou encore Lower Plenty