Voici enfin la dernière
partie de notre dossier sur les sorties récentes du label californien Slumberland Records. Après VeronicaFalls et Big Troubles on s’intéresse ici à Spectrals, le projet musical de
Louis Jones qui vient de sortir son premier LP, Bad Penny. Un disque attendu car, malgré son jeune âge (21 ans), le
poupon de Leeds à la chevelure carotte a déjà fait son trou dans le milieu,
notamment grâce à de nombreux singles et un EP publiés sur des labels réputés
(Captured Tracks, Wichita, Sex Is Disgusting).
Avec ce passage au format long, Spectrals allait-il être
capable de garder l’efficacité qui faisait son charme jusque là ? La
réponse est plutôt mitigée, mais cela n’enlève rien à la qualité globale de Bad Penny qui brille par d’autres aspects, au-delà de son petit manque d’immédiateté.
Le disque commence parfaitement avec "Get a grip" où Louis
Jones fait part de toute sa classe pour l’écriture de pop-songs délicates et
mélancoliques. Une guitare cristalline et un chant de crooner adolescent (très
proche de celui d’Alex Turner des Arctic Monkeys) font de la chanson un petit
tube autiste imparable. Dans la foulée "Lockjaw" maintient le niveau avec une
sensibilité et une pudeur magnifiques. Quelques notes de guitare slide viennent
porter cette voix bâti pour chanter la tristesse. Passé ces deux perles
inaugurales Bad Penny perd
malheureusement de sa sincérité et de son expressivité à cause d’une production
à côté de la plaque, où des instrumentalisations pas très subtiles relèguent
l’émotion au second plan ("You don’t have to tell me", "Big Baby"). Mais très vite Jones
revient à des cadences sereines et opère astucieusement un virage vers des
ambiances plus joyeuses. Il se lâche même, et regagne instantanément notre
attention. On pense par exemple à "Many Happy Return", un petit slow basique mais
imparable, ou à "Doing Time", une chanson pop délicieusement ringarde avec son
piano et ses chœurs enfantins. Il réussit même à allier ces sonorités sixities
de la pop-sucrée avec la mélancolie du début de l’album, dans la superbe "Luck
Is There To Be Pushed".
Vous l’aurez compris, sur ses 11 titres, Bad Penny ne possède que quelques
moments véritablement marquants. Mais au-delà de ce manque de relief, Bad Penny confirme un compositeur talentueux
qui avec une production plus léchée et quelques gimmick imparables serait
capable de livrer un album pop parfait. En attendant, on peut tout de même se
délecter de ce LP plus que correct et très touchant.
Punching Joe
Retour sur les deux premiers volets du mini-dossier :
Le clip de "Get a grip"
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