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samedi 21 décembre 2013

Kevin Morby-Harlem River


C’est une bonne surprise de cette fin d’année, le New-Yorkais Kevin Morby livre son premier album solo, Harlem River, publié chez Woodsist. D’abord connu comme le bassiste de Woods, Kevin Morby a ensuite trusté le devant de la scène indie avec the Babies, groupe formé avec Cassie Ramone des Vivian Girls. Il y a un an les Babies sortaient d’ailleurs leur deuxième album Our House On The Hill où Kevin Morby s’affirmait un peu plus à travers des chansons à la mélancolie rock’n’roll irrésistible.



On est ainsi peu étonné de le voir se lancer en solitaire, armé d’un premier disque délicat et assez ambitieux. Il y a quelques semaines on croisait le chemin de Cassie Ramone à l’Espace B (elle aussi s’est lancée sous son propre nom), venue chantonner quelques unes de ses compositions, sympathiques mais un poil trop inoffensives. Kevin Morby évite lui l’écueil du gratouillage mignon en enrobant son Harlem River d’une production joliment travaillée. Les chansons  ne sont pas de simples ballades mais de belles pièces savamment pensées. "Harlem River" notamment qui, à l’aune d’un simple gimmick de guitare et d’une rythmique tâtonnante, déploie sur près de neuf minutes une ambiance lugubre. Le début de l’album est d’ailleurs parfait : "Miles, Miles, Miles" promène un arpège cristallin tout en pudeur, sur lequel la voix de Morby, d’une tristesse naturelle toujours bouleversante, plane sereinement. "Wild Side (On the Places You’ll Go)" est elle une des plus belles chansons entendues cette année, confirmant les talents de compositeur du New-Yorkais.

La suite du disque n’atteindra pas le niveau de ces trois premiers titres mais s’avère d’une qualité tout à fait respectable (si l’on excepte la plombante "Slow Train" en duo avec Cate Le Bon). Que ce soit dans un minimalisme folk ("If You Leave And If You Marry") ou dans la country western ("Reign"), Morby avance avec assurance. Si les chansons gardent cette fraîcheur qui caractérise son songwriting, on est assez loin de la spontanéité fougueuse du premier LP des Babies. L'écriture de Kevin Morby est aujourd'hui animée d’une sagesse tout aussi touchante, incarnée dans un Harlem River, lent et enchanteur, qui en fait un très beau disque de canapé.
Punching Joe

2 commentaires:

  1. Très très bel article et très bon choix de la musique! Chapeau!

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