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mardi 9 avril 2013

Purling Hiss-Water on Mars

Dans quelques semaines Mikal Cronin sort son second disque, cette fois sur un gros label indie : Merge Records. D’après les premiers extraits partagés sur la toile, on découvre que le californien a enrobé ses chansons d’une production loin de l’exubérance saturée des Moonhearts ou du fait maison de son premier album solo. Ce type de virage esthétique, vers des sons plus lisses, peut créer des déceptions chez ceux pour qui la spontanéité du lo-fi est au moins aussi importante que les morceaux. Pourtant, s’il est bien pensé, c’est un exercice de style salutaire, capable d’asseoir une réputation. En 2011, les Black Lips ont ainsi prouvé qu’ils étaient un grand groupe même avec des saxo sur le dos. C’est aussi le cas de Purling Hiss, qui après avoir pris un malin plaisir à rejeter toute forme de production, vient de sortir son album le plus propre, Water on Mars : une réussite totale.


Il faut dire que le trio de Philadelphie emmené par Mike Pollize (membre des Birds of Maya) est parti de très loin. En 2009 il lâche un premier s/t LP probablement enregistré dans les chiottes d’un charter en pleines turbulences. Deux disques plus loin, le son Purling Hiss est toujours aussi dégueulasse, vomissant un rock psyché et heavy maladif. C’est sur l’EP Lounge Lizards que des airs plus indie-rock commencent à apparaître au détriment des guitares sous speed. Début 2013, Purling Hiss sort donc de sa cave et débarque chez Drag City avec un Water On Mars bourré de belles mélodies nonchalantes, et audibles.

Pourtant Water on Mars débute par une saillie heavy dont Pollize a le secret. "Lolita" dégaine un riff étiqueté space-rock, solos défoncés et chant testostéroné à l’appui. Un décollage la tête dans le guidon qui laisse place au joli single "Mercury Retrogade", au son purement nineties et son instrumentalisation puissante, cachant une pudeur adolescente touchante. C’est avant tout ces sonorités « cheveux gras et pulls informes » que Purling Hiss met en avant ici grâce à une production parfaitement équilibrée, entre section rythmique ronronnante et guitare débridée. "Rat Race" emprunte à la fraîcheur de Dinosaur Jr, tandis que "She Calms Me Down" s’envole grâce à une slide stellaire envoûtante. Pollize prouve aussi qu’il n’est pas qu’un brailleur défoncé et nous cueille avec ses "tutututu" qui ponctuent la superbe "The Harrowing wind", avant de nous bercer sur l’enchanteresse "Mary Bumble Bee". Aucune baisse de régime n’est à signaler et Water on Mars atteint même les sommets avec la sidérante chanson titre, soit 7 minutes de délires space-noise qui se finissent en apesanteur. Un claque sonique qui montre que Purling Hiss a bien fait de délaisser le lo-fi. Si sa folie est aujourd’hui canalisée, elle s’exprime avec d’autant plus de puissance et de précision. Water on Mars est un grand disque légèrement schizo, qui nous laisse enfin admirer le grand compositeur rock qu’est Mike Pollize.
Punching Joe

Pour explorer la discographie sulfureuse de Purling Hiss avant Water On Mars, rendez-vous sur leur page bandcamp (en écoute ci-dessous, une chanson extraite du premier LP)

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