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mercredi 13 juin 2012

Thee Holy Ghosts EP


C’est la crise, des gens mangent le visage d’autres, les araignées géantes attaquent, et même les zicos de la plage sont désabusés. Sale temps. Terminé l’imaginaire du shorty et de la crinière gominée, la Danelectro soigneusement polishée en mains; fini le booty-shake désuet en monokini à froufrou. Aujourd’hui le rocker de plage se baigne, blasé, dans une flotte verte, vêtu d’un slim noir et poisseux, en chantant son blues couleurs Instagram à travers une haleine souffreteuse de fumeur de nems frelatés. The Growlers, Triptides, Wavves, BlackFeet Braves, Beach Fossils et maintenant thee Holy Ghosts, autant de groupes pour qui la surf-music ne peut se détacher de la mélancolie océanique, du fantasme, ou d’un certain second degré qui semble masquer certaines angoisses.

Les 3 membres de thee Holy Ghosts sont originaires de Gainesville, petite cité américaine située dans les terres de Floride, surtout (seulement) connue pour son club de basket universitaire (les Gators), où Joakim Noah a fait des siennes pendant quelques années. Leur premier EP, tout juste mis à disposition en téléchargement gratuit, a fait frétiller mes conduits auditifs.

Les dix chansons mises en boite témoignent de l’amour du groupe pour le garage sixties, qu’ils mêlent au surf-rock, au doo-wop et au rock’n’roll, le tout dans un joyeux bordel lo-fi. Car la force de cet EP c’est bien son aisance à décliner avec style et précision cette bonne vieille base garage. Les Holy Ghosts font de la musique de branleurs certes, mais de la musique de branleurs qui groove, qui tient debout, et ce malgré la précarité qui se dessine au fil de chansons. Ian, Taylor et Hector savent en effet y faire quand il s’agit de balancer d’excellentes compo catchy et régressives, façon Black Lips, Dick Dale ou Los Saicos ("I can’t take it", "Sand in my beer", "Gimme Your love"). Pour autant  ils ont aussi le don de créer des morceaux titubants, empreints de mélancolie, de gueule de bois ("Saturday", "Ghetto pop song", ou le jolie slow "Standing alone"), et qui font passer le disque de la pastille rock’n’roll éphémère à une œuvre plus touchante. Car à l’image des nombreux chœurs chamaniques qui traversent les compos,  thee Holy Ghosts, jouent un garage-surf parcouru par des ombres inquiétantes, planant nonchalamment au dessus de ces garçons de plage déglingués. On attend la suite avec impatience.
Punching Joe

EP en écoute ci-dessous, et rendez-vous sur la page Bandcamp du groupe pour le téléchargement :


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