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lundi 23 juin 2014

Voyage dans l'espace avec Still Charon


Le duo limougeaud Still Charon compte déjà deux EP, HΩME (sorti l’année dernière) et Paved & With Good Intentions qu’ils viennent de partager gratuitement sur bandcamp. Leur musique mêle des mélodies aussi pop que psychédéliques, un son tantôt rugueux, tantôt gracile, le tout magnifié par la voix magnétique de Camille (ex Mountebank). Au petit jeu des références on peut tout aussi bien déceler certaines égratignures lo-fi propre au garage-rock moderne, qu'une décontraction façon indie-rock nineties ou encore un savoir-faire pop ancestral. Pourtant leur musique semble irréductible à ces simples étiquettes. En fait Still Charon ne fait rien d’autre qu’écrire de belles chansons et c’est déjà beaucoup.

On vous rappelle également que vous pouvez les retrouver sur l'excellente compilation Songs Of Nothing 2 du collectif Nothing.

   

Inspirés par leur nom qui fait référence à Charon, la lune de Pluton, on a demandé à Camille et Florian de concocter une playlist qui soit un vrai voyage intergalactique :

"L'espace, comme la nature, est un lieu infini et inconnu, propice à la contemplation et à la rêverie, une source intarissable d'inspiration pour les expérimentations musicales en tout genre. À un tel point, que le rock psychédélique ne va pas sans son petit frère le Space Rock.

L'image est vraiment bien choisie, puisqu’à l'évocation du genre on imagine déjà la reverbe infinie rouler-bouler dans l'espace comme Sandra Bullock dans Gravity; une sorte de Great Gig In The Sky qu'ils disaient, avec des technologies et des civilisations extraterrestres."

Spacemen 3 "Starship"
Tout est dans leur nom, un esprit qu'on pourrait résumer ainsi : taking drugs to make music about space to take drugs



Spiritualized "Ladies and Gentlemen We're Floating Into Space"
Jason Pierce, variation sur le thème.



Warlocks "He Looks Good in Space"
Depressing space song



Hawkwind "Space Is Deep"
Hawkwind inventeur de la space épopée avant George Lucas.



Robert Wyatt "Alien"
Prends ton ticket pour Venus



Slowdive "Soulvaki Space Station"
We are travelling at warp speed



Pink Floyd "Astronomy Domine"
Shiny Diamond synesthésique de Syd Barret gravitant autour de Jupiter Saturne Oberon, Miranda, Titania, Neptune Titan.



Yo La Tengo "Superstar Watcher"
Contemplation melody



Galaxie 500 "Leaving The Planet" 
You said that I could bring my guitar, you said it's time to leave the planet [...] time to leave the capsule if you can ?


Propos recueillis par Punching Joe  

mardi 25 février 2014

Dusty Mush chez les dingos

Maxime Verret



Il y a presque un an, nous vous parlions des Dusty Mush ici même. À l’époque les fripouilles de Melun commençaient à peine à ramener leur fraise du côté de la capitale. Aujourd’hui le trio passe à la vitesse supérieure : leurs concerts sont désormais de vraies expériences hypnotiques et ils s’apprêtent à sortir leur première galette (après deux k7). Un EP chez Howlin’ Banana qui va servir de rampe de lancement pour le LP prévu au cours de l’année. Histoire de fêter dignement cette sortie, on leur a demandé de réaliser une playlist "les chansons pour se faire interner", sur le thème, vous l’aurez compris, de la folie, de la maladie mentale. Thème sur mesure, pour un groupe qui, au-delà des sonorités garage et punk, nous transmet une énergie indéniablement tourmentée et hallucinée. Voici ce qu’ils nous ont concocté :


Bienvenu dans notre programme d’aide à l’internement forcé. Toute résistance aux différentes phases du processus serait futile


Phase initiale : diffusion de fréquences produites par des patients présentant déjà un désordre mental prononcé.

Patient #1: GG Allin
Le patient semble être atteint du syndrome de la Tourette et de troubles mentaux complexes entraînant des périodes de nudité, d’automutilation et de déviance sexuelle.


Patient #2: Darby Crash
Chanteur du groupe The Germs. Incapacité à monter sur scène sans prise excessive de substances illicites afin de ne pas sentir les violences physiques reçues lors de ses prestations.


Patient #3: Nick Blinko
Leader du groupe Rudimentary Peni, hospitalisé pour trouble schizo-affectif.



Résultats de la phase initiale :
Vous semblez bien réagir au programme, les premiers signes apparaissent : hyperactivité, trouble de la répétition.





Phase intermédiaire : injection au patient de substances inconnues.

Substance #1 : Drogue électrique
Le sujet répond positivement à l’injection, ce dernier pense avoir un troisième œil.


Substance #2: Robitussin
Perte de cohérence du patient, il ne semble plus être en mesure de jouer correctement de la guitare de type électrique.



Résultats de la phase intermédiaire :
Vous semblez reconnaître votre folie naissante. Encourageant.





Phase finale : séances intensives d’électrochocs.

Séance #1: Fuzz hallucinée en intraveineuse.
Le patient prend peur. Augmentation de la dose. Acidité de la fuzz à son maximum.


Séance #2: Batterie sur-vitaminée.
Le sujet éprouve tour à tour excitation et sommeil profond.




Toutes mes félicitations, vous avez survécu au programme. Vous êtes prêt à être interné.

Profitez de votre nouvel état mental :


Propos recueillis par Punching Joe

vendredi 18 octobre 2013

The Fresh & Onlys-Soothsayer EP


Au même titre que Thee Oh Sees et Ty Segall, les Fresh & Onlys étaient présents dans l’épicentre du séisme sonique survenu autour de la Baie de San Francisco. Pourtant ils se sont rapidement mis à l’écart de ce fracas, contrairement à leurs collègues qui, eux, plus que jamais, surfent sur le raz-de-marée rock’n’roll. Il est vrai que la troupe de Tim Cohen a toujours préféré les mélodies bien troussées aux riffs sanguinolents. Au point de signer l’an passé Long Slow Dance, un disque lorgnant clairement vers la pop 80s, édité par le label new-yorkais Mexican Summer, figure de proue de l’indie actuel. Et si l’album était encore une fois porté par un songwriting irréprochable et une classe à toute épreuve, il a définitivement expédié les Fresh & Onlys sur une autre orbite, puisqu’au même moment Ty Segall sortait l’explosif Slaughterhouse et Thee Oh Sees préparait le rutilant Floating Coffin. Quel avenir alors pour les Fresh & Onlys ? Vont-ils devenir un fabuleux groupe pop qui serait enfin récompensé pour son génie, ou au contraire une formation indie lambda, au son pépère et aux chansons rassurantes ?


Ce nouvel EP, toujours chez Mexican Summer, donne quelques éléments de réponse. Soothsayer est clairement dans la lignée de Long Slow Dance. La chanson titre ouvre le disque dans un nuage de reverb étiquetée années 80, où la voix de Tim Cohen résonne magnifiquement. Et si des synthés viennent aérer un peu plus la composition, on reconnait la patte Fresh & Onlys grâce à une rythmique atypique et marquée. Ensuite "God of Suez" susurre un riff jangly à tomber par terre, prolongeant la longue liste des grands morceaux écrits par le groupe. Le reste de Soothsayer est malheureusement bien en dessous des attentes. "Glass Bottom Boat" sonne vaguement comme du Gun Club de la fin des années 80, mais au moment où la chanson devrait décoller (ce que sait très bien faire le groupe d’habitude), seules des trompettes mollassonnes viennent étirer le tout. "Deluge of War" souffre d’un mal encore plus grave, celui de ces titres à la production gonflée qui sonnent fatalement creux. En ce sens elle se rapproche de la vacuité romantique exposée par Wymond Miles sur son nouvel album Cut Yourself Free. "Forest Down Annie" ne fait guère mieux avec ses six minutes de pop étrange mais ronronnante, non sans rappeler Magic Trick, la magie en moins. Enfin, "Drugs" sauve un peu la mise, sans être pour autant mémorable.

Les Fresh & Onlys sont donc à un carrefour important de leur carrière : toujours à l’aise pour composer des chansons sublimes, ils sont aussi capables de s’enfoncer tête baissée dans une pop maniérée sans grande inspiration. Et, pour la première fois, des doutes s’installent en vue du prochain album. En attendant, Magic Trick semblerait être de retour et ça c’est une excellente nouvelle.
Punching Joe

mardi 20 août 2013

Thee Oh Sees-Moon Sick EP


Présenté comme les chutes de Floating Coffin, le dernier album studio de Thee Oh Sees, l’EP Moon Sick est sorti en avril dernier à l’occasion du Record Store Day .

J’avais émis quelques réserves sur Floating Coffin, un excellent disque certes, mais où la troupe de John Dwyer pêchait parfois par facilité, notamment sur quelques morceaux kraut-punk qui avaient du mal à décoller. Un style nerveux et psychédélique, désormais la marque de fabrique du groupe, que l’on retrouve ici sur "Human Be Swayed", une chanson cool mais finalement sans surprise, tant les Oh Sees semblent capables de produire ce genre de schémas en série.

Une vraie chute de studio en somme, heureusement entourée de trois autres morceaux plus aventureux. "Grown In A Graveyard" d’abord, transpercé par des bidouillages électroniques et où Mike Shoun se transforme en boite à rythmes impitoyable. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant que Dwyer ait composé ce titre au moment où il préparait la réédition des maniaques La Machine chez Castle Face. "Sewer Fire" ensuite, où Lars Finberg de the Intelligence vient infecter le son des Oh Sees de touches post-punk vivifiantes. L’EP se termine avec "Candy Clock", friandise de pop-sixties agrémentée de Kelley Stoltz au clavecin et de Kristen Dylan Edrich (the Mallard) au violoncelle. Un très bon EP donc, qui élargit un peu plus la palette sonique de Thee Oh Sees.
Punching Joe

dimanche 16 juin 2013

EPs : Ross de Chene Hurricanes / Sic Alps

Pour ce nouveau billet on reste dans les formats courts avec la sortie récente de deux EPs très recommandables. D’un côté les fougueux et prometteurs Ross de Chene Hurricanes, de l’autre les tauliers californiens Sic Alps.

Ross de Chene Hurricanes est un duo australien basé à Melbourne. Ils viennent tout juste de publier leur premier 45 tours chez Anti Fade Records (Chook Race, The Living Eyes, Useless Eaters). Suivant la tradition d’excellence musicale de la ville (Eddy Current Suppression Ring, Woollen Kits,  Royal Headache, The UV Race, Frowning Clounds, etc.), Ross de Chene Hurricanes se démarque en 3 titres seulement grâce à un garage réverbé à l’extrême et une nonchalance bien de chez eux. On retient notamment "the Jailbird" avec sa guitare en morceaux et "Dirty Floor", paresseuse à souhait.


De l’autre côté du Pacifique, à San Francisco, les Sic Alps continuent de tracer seuls, et dans une relative indifférence, leur route alors que les collègues Ty Segall et autres Oh Sees bénéficient d’un petit moment de gloire. Il est vrai que la troupe de Mike Donovan n’a jamais eu le bon timing : arrivé un peu avant tout le monde, le groupe s’est enfermé au moment de l’explosion de la scène de Frisco dans une musique difficile d’accès, bien que passionnante à déchiffrer (US EZ en 2008 puis le génial Napa Asylum). Pourtant, fin 2012, Sic Alps prend tout le monde de court avec un LP loin de leurs habituels standards lo-fi…mais cela ne suffit toujours pas à les faire reconnaître. Sur l’EP She’s on Top, édité par Drag City, ils s’aventurent dans de nouvelles contrées et confirment leur statut de groupe insaisissable.

En effet Sic Alps sort les grosses guitares avec leur ribambelle de riffs nineties et solos décomplexés. "Biz Bag" galope avec ardeur sur une pédale big muff inarrêtable, tandis que "Carrie Jean", bien que plus cabossée avec sa rythmique saccadée, fait preuve d’une virulence tout aussi accrocheuse. Le tout est complété par une "She’s on top" méchamment tubesque. Ils seront à Paris le 1er juillet à l'Espace B.
Punching Joe

mardi 14 mai 2013

future-Abyss EP

Si le garage français se porte on ne peut mieux ces temps-ci, les amateurs de saturations vaporeuses ne sont pas en reste grâce à une belle scène noise/shoegaze qui s’étoffe de jour en jour. On discutait il y a peu avec les Dead Mantra, mais on peut citer également des groupes comme Venera  4, Maria False, Dead Horse One, ou même feu Mountebank. Ici on s’intéresse au duo future, qui vient de sortir son premier EP : Abyss.


Dès "Skylights", future définit un périmètre d’action bien précis : ambiance glaciale, guitares brumeuses, boite à rythme martiale et chant lancinant. Le terrain est familier, un peu trop d’ailleurs et le morceau peine à se détacher de la filiation évidente qu’il entretient avec le son des New-Yorkais d’A Place To Bury Strangers…au point d’en devenir prévisible voire inoffensif.

Les trois autres chansons sont autrement plus cramées et dévoilent tout le potentiel de future. "Citizen" d’abord, sorte de transe rythmique transpercée par des nappes noise nocives. "Now", ensuite, qui  balance une grosse ligne de basse façon Pixies, idéale pour bâtir un mur des lamentations sonique où quelques esprits torturés viennent se recueillir. C’est clairement dans l’obscurité que future trouve le mieux ses marques et, malgré son titre mensonger, le dernier morceau "Colors" ne fait que confirmer les penchants dark du duo. Rencontre entre la répétitivité aliénante de Kraftwerk et l’électro droguée de Spectrum, ce final est un joli moment d’abandon sensoriel. Face au vide, il reste future.
Punching Joe

vendredi 25 janvier 2013

Bikini Gorge-Stranded



Découverts dans l’ambiance enfumée par les effluves de frites fraîches de l’Armony à Montreuil (le meilleur rade d’Ile de France), les Rennais de Bikini Gorge viennent de sortir un premier 45 tours chez les excellents Nantais de Kizmiaz Records.


A l’intérieur de ce duo guitare/batterie on note la présence de Charles, la moitié des fêlés Combomatix. Sans surprise, on retrouve donc cette même envie d’une musique primaire et corrosive, plus guidée par le rythme des pulsations sanguines que par les inflexions de l’esprit. Leur concert à l’Armony était d’ailleurs une belle démonstration de radicalité garage, éloignée de toute pose.

Stranded est un excellent EP qui confirme les impressions live puisque le groupe ne perd pas son côté instinctif et on ne peut s’empêcher de rapprocher leur garage rêche de celui des Gories de Mick Collins.
Punching Joe

dimanche 23 décembre 2012

Interview : Mesa Cosa

Pour leur dernière sortie les français de Casbah Records sont allés jusqu’aux Antipodes pour dénicher le groupe australien Mesa Cosa. Un choix cohérent puisque le son dévastateur du sextette basé à Melbourne est en parfaite adéquation avec le label qui arbore comme logo un rhinocéros à la charge. Sur Infernal Cakewalk les Mesa Cosa n’y vont pas par quatre chemins : poussées dans leurs retranchements, les guitares posent d'emblée les bases d’une orgie sonique qu’on imagine, dès l’intro de "666", bien salasse. Mais c’est sans compter sur l’arrivée d’un saxo diabolique, hurlant à la mort, et, cerise sur le gâteau, d’un chant en espagnol totalement possédé. En l’espace de dix titres Mesa Cosa éructe des hymnes garage-punk à la gloire du diable et de la mort, avec tout le détachement et le fun hérités de leurs ancêtres sud-américains (d’ailleurs Infernal Cakewalk se clôt sur une reprise de Los Saicos). Pour saluer l’excellente initiative de Casbah qui a réédité en vinyle ce disque dingo, on a posé quelques questions à Pablo, le leader d’origine mexicaine de Mesa Cosa.

   
     Comment est né Mesa Cosa ?
J’étais dans un festival et je suis allé voir une diseuse de bonne aventure qui m’a dit de faire un groupe, alors je l’ai écoutée. On a commencé à former le groupe autour de Stewart (tambourins), un ami de longue date, et moi. On a tout de suite adoré le truc organique qui s’est dégagé. Une fois le line-up en place, un saxophoniste est venu se greffer (Llod), il se pointait à pas mal de nos concerts, jouait même avec nous, alors il est devenu un membre officiel. On est basés à Melbourne mais en fait personne n’est vraiment originaire de la ville, on s’est juste rencontrés là bas.

     Quelle est l’histoire de ce Infernal Cakewalk ?
C’est assez basique, on voulait faire des chansons fun et qui font du bruit, histoire d'avoir une excuse pour gueuler tout le temps. On a la chance d’avoir une maison où l’on peut jouer jusqu’à très tard dans la nuit, alors on a commencé à jammer et des chansons sont nées. Ensuite on a économisé de l’argent et on a enregistré tout ça dans le salon, en une journée.

     Pourquoi cette référence à Méliès dans le titre du disque ?
C’est marrant : une nuit je regardais des vidéos sur youtube et je suis tombé sur Infernal Cakewalk de Méliès. J’ai remarqué que le film fonctionne sur le même tempo que notre chanson "666", j’ai alors assemblé les deux et ça a donné le clip. De plus, j’adore tous les symboles, l’univers fantasmagorique et les représentations du diable chez Méliès, on s’est dit que ça serait une bonne idée d’intituler notre disque comme ça.

   
     Comment avez-vous rencontré les français de Casbah Records ?
Je crois que je leur ai envoyé un message une nuit où j’étais défoncé (peut-être la même où j’ai trouvé le film de Méliès) et puis j’ai complètement oublié. Sauf que deux mois plus tard ils m’ont répondu : "ok, on va sortir votre disque",  ça a été un choc !

     C’est important pour vous de le sortir en vinyle ?
Oui, je trouve que c’est un objet qui laisse une véritable trace. Aujourd’hui c’est trop facile de perdre, d’oublier, la musique avec les autres formats. Le Cd c’est fragile, les cassettes c’est chiant…le vinyle c’est le top. En plus on a la fierté de pouvoir dire "on a fait ce truc".

    Jay Reatard a dit un quelque chose comme : "Je peux faire des trucs pop quand je suis en studio, mais une fois sur scène c’est la guerre." Avec vous il semble que ce soit la guerre aussi bien sur scène qu’en studio, d’où vous vient toute cette puissance, cette hargne ?
On a formé ce groupe avec l’idée d’être authentiques. Je vois trop souvent des mecs qui se la pètent, qui essayent à tout prix d’être cool, je trouve ça chiant. Je me suis dit que six mecs qui hurlent dans des micros peuvent être meilleurs que tout ça, et c’est ce qu’on fait. Tu ne peux pas mentir avec l’énergie. Les gens veulent aussi de cette énergie quand ils viennent te voir. Etre capable de leur en mettre plein la gueule et de leur faire oublier un temps leur vie, leurs problèmes, en s’amusant, c’est bien. Voilà, si je devais résumer Mesa Cosa en quelques mots je dirais : de l’énergie, de l’honnêteté, de l’excitation, du bruit, du bordel, du fun.

     

     Qu’est-ce qui te plaît tant dans le garage sud-américain ?
Tout ! J’aime la langue, les symboles utilisés, le son est sale, rêche, granuleux, bref, c’est quelque chose d’unique.

     Dans ta bouche, l’espagnol résonne vraiment comme une langue taillée pour le rock’n’roll…
Oui, il n’y a rien de mieux ! C’est des sons vraiment cool, du genre "moe sta-ca-ta-ma-cha-os". C’est fun à chanter et c’est surtout très rythmique, ça me plait beaucoup.

     Vous reprenez "Alcatraz" des Saicos, pourquoi ce groupe ?
C’est un groupe vraiment incroyable, toutes les chansons sur leur disque sont géniales. Ils ont vraiment un son particulier, un peu brumeux, sale et sombre mais aussi très mélodique. Je pense que c’est un groupe indispensable qui a eu beaucoup d’influence.

     Quelles sont alors vos grandes références ?
Je réponds toujours de la même manière : The B52’s et Los Saicos. Après il y a plein d’autres groupes que l’on adore : JC Satan, Wau y Los Arrrghs, the Zoobombs, Ty Segall, thee Oh Sees, Black Sabbath, Spaceman 3, Molotov, Beastie Boys, Brian Jonestown Massacre, etc. Mais les deux incontournables ça reste B52’s et Los Saicos.

     

     Vous utilisez un saxophone alors que les cuivres sont de plus en plus rares dans le revival garage, pourquoi ce choix ?
En fait ce n’est pas trop un choix ! On a rencontré notre saxophoniste à des fêtes, on était défoncé, on prenait des acides et on faisait des concerts vraiment bruitistes. Ça tombait bien, il adore tout ce qui est noise, il adore le métal, du coup au fur et à mesure des concerts avec lui on l’a intégré au groupe. Ça fonctionne bien.

     Dans vos textes vous êtes obsédés par le diable, l’enfer, la mort …
La mort et le diable sont des concepts que j’adore manipuler, ce sont des sources inépuisables d’idées et de symboles. Par exemple si l’on se place dans la perspective mexicaine, là bas les diables sont colorés, il y en a des bons, des mauvais. Pareil pour la mort, on peut la célébrer, se moquer d’elle. On évoque aussi parfois des choses plus légères, avec Dieu, Marie, etc. Ça me plaît vraiment de parler de tous ces trucs cosmiques, tribaux, mystiques, c’est beaucoup mieux que de chanter sur les filles.

     Qu’est-ce qu’on pense de Mesa Cosa en Australie ?
Justement je pense que les gens ne savent pas trop quoi en penser pour l’instant, on est un peu insaisissables. Mais ça s’améliore de semaines en semaines j’ai l’impression, ils s’habituent à notre manière de jouer, dure et en hurlant tout le temps. Mais je comprends qu’il puisse falloir du temps à apprécier des mecs qui gueulent des trucs sur le diable en espagnol.

     Il y a une scène incroyable à Melbourne, t’aimes vivre là bas ?
La scène musicale de Melbourne est juste dingue, il y a presque trop de bons groupes, à tel point que la compétition est acharnée. Il y a quand même pas mal de branleurs aussi, qui jouent à "qui sera le plus cool" avec tout ce que ça peut avoir de cynique, parce qu’il faut dire qu’à Melbourne c’est très facile de jouer, alors il y en a qui ne se foulent pas trop. Mais bon la plupart ce sont des groupes super comme Midnight Woolf, Baptism of Uzi, The Murlocs (en écoute ci dessous), King Gizzard, Royston Vasie, Damn Terran, ScotDrakula, et beaucoup d’autres.

   
     Quelles sont les meilleures conditions pour écouter du Mesa Cosa ?
En live, je dirais : bourré, un peu défoncé, dans une petite salle tard dans la nuit, avec plein de monde et un ampli cassé.
Le disque : au casque, vraiment défoncé et les yeux fermés.

     Vous semblez appliquer le “rock’n’roll way of life”…
Haha, ouais carrément !

     Vous allez tourner en dehors de l’Australie bientôt ?
On en a très envie ! On aime beaucoup la France et on adorerait venir et par la même occasion aller en Espagne et en Allemagne. On en a parlé avec Ben de Casbah Records, si on a assez d’argent une tournée est envisageable mi-2013 sinon il faudra attendre début 2014.
Punching Joe

Pour continuer :

-L'interview en anglaisFor english readers
-Le site de Casbah Records
-Une chronique complète de Infernal Cakewalk
-A noter que la pochette de Infernal Cakewalk (ci-dessous) a été réalisée par CM Ruiz qui avait déjà travaillé avec Davila 666 et Dead Ghosts et que le disque a été masterisé par l'omniprésent Mickey Young des Eddy Current Suppression Ring.

jeudi 15 novembre 2012

Bad Indians-Sun People EP



Découverts du côté de chez Requiem pour un Twister, les américains de Bad Indians nous avaient convaincu avec leur précédant 45 tours, the Path Home. Ils y jouaient une pop-psyché foutraque juste comme il faut, parcourue d’effluves garage, voire indie-pop. Sur ce nouveau EP, sorti au printemps 2012 sur Urinal Cake Records, ils affirment un peu plus leur son.

La face A, excellente, débute par un joli arpège, celui de "Sun People", une chanson pop un brin étrange mais au refrain accrocheur. "If I had a chance" enquille dans une vaine très indie-pop avec quelques relents psyché succulents. Deux chansons où l’on retrouve donc ce son typique des Bad Indians, mêlant des influences a priori hétéroclites, mais qu’ils savent marier astucieusement.

La face B s’aventure elle dans un rock-pysché plus velu. Moins grelottant, le clavier s’affirme sur "Hate" et pose les bases d’un morceau à la rythmique lourde et aux guitares décomplexées. Sur "The Other Side", ils enfoncent le clou et balancent un titre enlevé, dans un pur style "Austin", avec notamment un riff dont le groove rappelle fortement les 13th Floor Elevators.

Sun People confirme donc tout le bien qu’on pensait des Bad Indians. Ils s’imposent un peu plus comme un groupe à la personnalité musicale forte, capable de varier son style avec intelligence et panache. On attend le premier LP avec impatience.
Punching Joe

l'EP en écoute :

mardi 31 juillet 2012

Interview : The Space Padlocks

Les Space Padlocks font partie de ces bonnes surprises qu’on a parfois en jetant un œil nonchalant dans les bacs des disquaires. Avec une pochette à l’esthétique Serie B, badigeonnée d’un violet dégoulinant, il a été difficile de résister à soulever la galette pour essayer d’en apprendre plus. Si à ce stade-purement visuel-l’achat était assuré à presque 70%, la vue de la mention « Close Up »  au dos a fini de convaincre. Close up est en effet un excellent  label français à qui on doit notamment  la sortie du très balèze premier LP des Sudden Death Of Stars et divers 45 tours tout aussi indispensables, des Rivals au Dalaï Lama Rama Fa Fa Fa en passant par Périphérique Est, pour ne citer qu’eux. Et cet EP des Space Padlocks est une nouvelle réussite pour Close Up. En quatre chansons les Toulousains imposent un son garage plutôt atypique. "Automatic Waterloo" allie spontanéité crade à la Back From the Grave avec une écriture pop super efficace. D’ailleurs la suivante, "Guru’s Not Dead", fait dans la power-pop lo-fi et vicelarde gavée au LSD. L’autre face est par contre plus planante. "A Question Of Degree" met en avant un chant désabusé sur une instru garage-psyché parcourue de distorsions. Distorsions que reprend la noisy "Sound Of Thunder", qui achève l’EP par des crachats purulents de guitare à l’agonie. On a donc demandé à Thibaut, l’homme à l'origine du groupe, de nous en dire un peu plus sur ce projet.



          Qui sont les Space Padlocks ?
Le groupe existe depuis l'été 2010. Nous sommes actuellement quatre. Il y a moi au chant et à la guitare, Jimmy à la basse et aux chœurs, Aurore à la batterie (elle remplace depuis peu Guitoune qui joue sur l'EP et a quitté le groupe il y a quelques mois) et Thomas au tambourin, guitare et orgue (il est arrivé tout récemment). Nous jouons tous dans différents groupes (The Existentialists, Les Cagettes, Moscow Driver, The Deserteurs). On a vraiment beaucoup d’influences mais je dirais qu'on s'est surtout enfilé des groupes 60s (plus précisément la période '66-'68), mais aussi des trucs punk, de la powerpop et pas mal de choses 80s, que ce soit du garage revival, du post-punk ou du pré-shoegaze.

          Comment vous définissez votre son ?
Je pense qu'on doit avoir un côté punk, un côté pop bricolée et une tendance à l'impro psyché sur un accord. En fait on doit être assez proche de l’esprit des groupes 80's revivalistes sur les bords qui écoutaient la même chose que nous. Par exemple un type comme David Roback, (Rain Parade, Opal, Mazzy Star), tout comme les Jesus & Mary Chain, Steve Wynn, Daniel Treacy, Nikki Sudden ou encore Spacemen 3. D'après moi, beaucoup de ces gens faisaient le pont, par exemple, entre les Byrds et le Velvet Underground, mais aussi le punk, le post-punk, etc. Ce n’est pas forcément conscient mais je pense qu'on se revendique de cet esprit là.

          Dans quelles conditions a été enregistré cet EP ?
On l'a enregistré en deux jours et demi avec Lo'Spider aux manettes à la fin de l'été 2011. C'était vraiment cool et très stimulant de faire ça avec lui. On s'est concentré sur peu de morceaux en fin de compte. Je me souviens qu'il faisait hyper chaud et qu'on buvait des bières à longueur de temps sans jamais parvenir réellement à se saouler. En tout cas on s'est bien marré.

La cover du EP

          Quel est votre rapport à la culture garage, le lo-fi ou même l’esthétique DIY ?
En ce qui me concerne j'ai dû m'intéresser à ce qu'on appelle la culture garage il y a un peu plus de dix ans, quand j’avais 17-18 piges, grâce à des trucs comme l'émission de radio Dig It ! découverte par hasard sur une radio locale que je recevais à Muret (20km de Toulouse) ! Quand tu écoutes ça tu trouves un écho au rejet du mainstream. J'avais déjà une culture très globale de la zic' qui m'intéressait et ça m'a vraiment impressionné de prendre conscience de pas mal de trucs. L'idée avec sa propre culture musicale c'est de savoir où creuser, même quand tu n'as qu'une vague idée. Je fais parti des malades qui ont toujours regardé les crédits sur les disques, et qui ont un besoin maniaque de savoir l'année de sortie. Dans ma ville, parmi mes potes, je ne connaissais personne qui écoutait les mêmes trucs que moi. C'était chiant. Quand j'ai eu le permis, puis la caisse, c'est devenu cool pour les concerts et j’ai pu envisager des choses. En fait j'ai fréquenté les concerts sur le tard.

Pour l'esthétique DIY, quand tu décides de faire avec les moyens du bord et que tu fais un maximum de trucs toi-même, tu touches à quelque chose d'assez grisant. La sincérité du contenu est en quelque sorte au max. Après pour le lo-fi, outre la faute de moyen, il y a le charme particulier qu’ont les sons distordus bien sales et le roulis irrégulier obtenu avec un magnétophone par exemple. C’est enregistrer vite, tant que le morceau est encore frais, en restant soi même surpris par son machin ! Inabouti ou pas, on s'en branle. Une des bases de la légitimité de l'esthétique lo-fi repose sur une réalité qui est que très régulièrement la démo d'un morceau défonce plus que sa version studio.

          Cet EP est votre première sortie physique en tant que Space Padlock, pourtant en traînant sur votre Bandcamp on trouve pas mal de musique (comme les très cool Tea Break demos). C’est quoi ces enregistrements ?
En réalité je bricole des trucs depuis aussi longtemps que j'ai pu toucher une guitare, même sans savoir en jouer. Ces morceaux je les ai enregistrés en 2008 je crois. C'est en quelque sorte le début des Space Padlocks, lorsque j'ai commencé à les faire écouter avec l'intention de monter un groupe.

Une chouette vidéo accompagnant "A Question of Degree"

         Vous êtes basés dans le Sud-Ouest, à Toulouse exactement, tu peux nous décrire l’environnement local, comment c’est de jouer du garage dans les parages ?
Le Sud-Ouest a toujours été riche en bons groupes garage. Perpignan, Bordeaux davantage que Toulouse d'ailleurs. Aujourd'hui, chez nous, dans le garage « actuel » on peut trouver les excellents Shiva & the Deadmen ou les Angry Dead Pirates. Pour ce qui est des infrastructures, c'est pas l'énergie qui manque, ni les assos, mais plutôt les lieux et parfois aussi le public, qui est certes fidèle, mais un peu restreint. Il y a toujours le Saint des Seins et la Dynamo mais tout le monde est un peu dessus. A mon avis il manquerait une ou deux salles/bars de taille modeste pour faire passer aussi les groupes plus petits, sans faire de gros fours. La situation doit ressembler aux autres grandes villes. Après au niveau de la programmation quand tu fais un bilan annuel, tu es quand même assez surpris par le nombre de bons groupes qui passent ici. On n'est pas si mal lotis.

          Comment s’est passée la rencontre avec le label Close-Up ?
On a juste envoyé ce qu'on avait enregistré à quelques labels qui nous bottaient et Close Up a vite répondu.

          Quelles sont les meilleures conditions pour écouter les Space Padlocks ?
Je n'en sais rien. Au casque en étant un peu défoncé peut-être bien.

          T’écoutes quoi en boucle en ce moment ?
Ça change d'une semaine sur l'autre. Moi là en ces temps-ci j'aime bien écouter 1er album solo de Nikki Sudden, et aussi Teengenerate. Dans ma caisse en ce moment j'écoute DMZ. Tout ça me parle.

Punching Joe
Aussi sur le net :
-Le Bandcamp des Space Padlocks pour écouter l'EP en boucle, et tout le reste
-La page Facebook du groupe et celle de Close Up, pour se tenir au jus.
-Pour acheter l'EP, rendez-vous chez un disquaire sérieux ou sur le site de Close Up

dimanche 8 juillet 2012

Slutever, Pretend to be nice, EP



A l’honneur dans ce billet, des meufs qui en ont une sacrée paire : le duo Slutever. Il semble qu’on ait loupé un truc vraiment cool en 2011, en passant à côté de leur EP Pretend to be nice...il est donc temps d'en parler. 

Nicole Snyder et Rachel Gagliardi sont deux amies adeptes de la weed et des burgers mcdo qui vivent à Philadelphie. Elles qualifient elles-mêmes leur musique de "bratpunk", comprenez punk de morveux, de sales gosses. Et c’est exactement de ça qu’il s’agit car s’il y a bien une chose que Slutever n’est pas, c’est un groupe de jolies poupées aux voix surfaites et aux allures de pubs ambulantes pour American Apparel. Des vraies de vraies je vous dis. Dignes héritières du riot grrrl. D’ailleurs leur musique peut clairement rappeler certains riffs hargneux des grandes Bikini Kill.


En 2010 elles ont enregistré un premier EP maison, au chouette titre Sorry I’m not sorry et au son totalement lo-fi. Elles récidivent en 2011, avec Pretend to be nice, en se faisant aider cette fois par Bantic Media (qui, si j’ai bien pigé, est une sorte de label de leur fac). Le son des quatre pistes est alors plus en place, moins dégueulasse. Certains morceaux, comme mon petit préféré "No offense", déjà présents sur le premier EP, révèlent avec le nouvel enregistrement davantage leur potentiel pop. Les pistes s’en tiennent à leurs bases juteuses garage-punk mais les mélodies se font entendre, appuyées par les voix. Rachel et Nicole se succèdent tour à tour à la batterie, à la guitare et au chant ce qui produit pas mal de variété en seulement quatre chansons, peu commun pour du punk. Quand on leur demande quels sont les groupes cool du moment, Slutever cite volontiers Dum Dum Girls (entre autres) et d'ailleurs le lien entre les deux girls bands est faisable puisque le son des premières est aussi marqué par cette espèce d’évanescence saturée qu’on trouve chez Dee Dee et ses cops (et chez les groupes du même genre). La différence c’est que Slutever est clairement plus radical, ancré de manière évidente dans une boue punk et attaché à un esprit grunge.

Les deux amies sont aussi à la base d’un autre projet, un groupe de punk rock pour enfants (si si), The Weenies dont le premier EP, I can’t like it, comporte des titres aussi significatifs que "I wanna stay up all night" ou "No more veggies". Et puis tout récemment, Rachel a lancé le label Bratty Records (dont l’esthétique du site internet vaut le détour), l’occasion pour les deux amies de sortir un single en cassette, leur dernier morceau "Pussycat"…évidemment.
Hanemone

"Pussycat"



mercredi 4 juillet 2012

Interview : Volage, MADDIE EP


Volage c'est un peu mon obsession du moment. D’abord écouté d’une oreille distraite, leur tout premier EP, MADDIE, passe désormais en boucle dans mon casque, bien aidé par le morceau "Many Hopes", un petit bijou de garage-pop éclatant. Des garageux du genre la tête dans le guidon qui cachent pourtant un groupe à l’esthétique sonore très travaillée. Ici, on ne se repose pas que sur des distorsions disproportionnées ou des amplis qui dégueulent : leur son, certes crado dans la moelle, regorge aussi d’éléments pop, punk et s’appuie sur des chansons limpides, pour ne pas dire imparables. "Not Enuff" et son riff marteau-piqueur par exemple, ou encore la Ty Segallienne "I’m a fool", une belle démonstration de puissance et de changements de tempo. Du coup j’ai voulu en savoir plus et j’ai interrogé Paul Rannaud, compositeur, chanteur, ingé son…bref, l’homme à tout faire de Volage.


       
          Alors, Volage c’est quoi exactement ?
C’est un projet que  j'avais en tête et dans lequel j'ai motivé des potes. On est quatre: Thibaut (batterie), Simon (Guitare), Paul V(basse/guitare) et moi-même (chant/guitare/basse). On est entre Paris, Tours et Le Blanc, dans la région Centre. D’ailleurs là bas on a un garage qu’on squatte pour répéter et enregistrer. J'ai enregistré l'EP l'été dernier. J'ai joué toutes les parties car se sont pour la plupart mes compos et Thibaut a joué ses parties de batterie, sauf sur "Many Hopes" qui était une idée de Simon et qu'on a écrite à deux.

Dans la composition, j'apporte souvent une nouvelle idée de morceau, genre à 70%. Puis on teste ces démos en répètes et ça prend forme ensemble. Parfois, comme pour "Not Enuff" ça se fait sur l’instant : un riff, quelques phrases et on sait déjà qu'on va la garder. On privilégie toujours l'émotion, le riff. Parfois la même suite d'accords n'a rien à voir selon le tempo et la manière de la jouer. On peut s'inspirer de pleins de choses, tant que ça nous touche . Si t'as une vision claire d'une chanson, même si l'idée est folle, l'important c'est d'y croire et de faire passer l'émotion. On cherche un truc qui fonctionne sinon on ne garde pas. On ne se définie pas comme un groupe de punk ou de rock, on s'en fout en fait. On essaie juste de ne pas trop lécher le son, garder le truc un peu sauvage. On a des influences pop, c’est clair, mais aussi un coté vraiment plus crado, parfois lo-fi. On cherche la puissance, l'adrénaline, quelque soit le type de morceau. Après au niveau des influences je pourrais dire plein de chose, mais disons que ça va de Coachwhips (ancien groupe de John Dwyer, Thee Oh Sees) à DJ Screw.


          Vous venez de sortir votre premier EP sur cassette. Pourquoi ce choix ? Que représente pour vous ce support ?

La cassette c’était vraiment ce qu'on voulait. Le CD, pas question, c’est un support chiant et on n’avait pas de thunes pour un vinyle. La cassette c'est le support analogique le plus cool qu'on ait trouvé. Le son est vraiment sympa, même sur cette petite taille de bande. Pour nous c'était un bon moyen de commencer, en gérant vraiment l'ensemble, sans intermédiaire. Et ça permettait en plus de travailler un peu le packaging sans trop de frais. Il y a l’idée du bel objet. Un vinyle c’est un super objet, c’est un vrai choix dans un shop. La cassette c'est pareil, c’est ludique et puis c’est souvent des petits tirages, donc assez rares. Nous, on voulait être content du tout. On à fait des covers hyper débiles mais ca aurait pu être vachement plus sobre, la prochaine le sera, on l’a déjà.
C’est aussi le premier support qu'on ait connu enfants.  On continue même à enregistrer sur des 4 pistes. Ce n’est pas le cas pour MADDIE, mais c’est possible que certains prochains morceaux soient enregistrés et sortis sur cassette.

          Vous avez réalisé MADDIE de A à Z, pourquoi ?
Pour un premier projet, il fallait que ce soit vraiment notre reflet. Je ne voulais pas déléguer quoi que ce soit.  Surtout pour l'enregistrement, le mix et le mastering, je voulais tout contrôler. Ca demande beaucoup de temps car tu as vite fait de faire des erreurs entre les différentes étapes. Mais l'oreille s'habitue. Il fallait que ça soit notre truc, dans sa globalité, des mix au passage sur bande. En plus j’adore l'enregistrement, c'était naturel de le faire nous même. Ce sera pareil pour les prochains, ils seront beaucoup plus énervés mais plus pop encore pour certains.

          Le garage a le vent en poupe depuis quelques années, comment êtes-vous tombés dedans ?
En fait on a tous toujours fait de la zik, depuis gamins, et chacun pleins de trucs différents. Avec Volage je voulais vraiment faire quelque chose de sale et bruyant, c'est comme ça qu'on a commencé avec Simon. Ensuite Paul V. et Thibaut sont venu jouer avec nous quelques fois, ça a très vite marché et on était tous d'accord en termes d'esthétique sonore. L'intention de base c’était de ne pas faire un truc trop léché, mais ensuite, le son tel qu’il s’est développé, c'est venu tout seul, ce n’était pas réellement une démarche consciente.

          Y-a-t-il des groupes français dont vous vous sentez proches actuellement?
Ouais, il y a une super scène garage en France. On a organisé un concert avec J.C Satàn sur Poitiers, parce qu'on adore ce qu'ils font, même si nos sons sont différents. Pareil pour les Strange Hands (+ une interview), on a l'impression de marcher sur leurs traces.




          Quelles sont les meilleures conditions pour écouter Volage ?
Très fort sur le poste cassette de ton van, pendant un road trip direction nulle part, avec tes potes qui s'envoient de la codéine à l'arrière avec leurs meilleures copines. Sinon en live bien sûr !

          D’où vient votre nom d’ailleurs ?
En fait on ne voulait pas forcément un nom à consonance anglaise. Volage c’est différent, ça évoque pleins de possibilités, ce qu'on ne se refuse pas quand on écrit nos sons. Les seuls autres noms qu'on avait c'était les Khadafistfucking et Simon voulait absolument qu'on choisisse "Les petits pédestres". On l'en a empêché.

        Vous semblez taillés pour le live, comment vous appréhendez cet exercice?
Le live c'est vraiment un super moment. On essaye de tout donner, déjà pour être à la hauteur et que le morceau soit ce qu'il devait être, et aussi, tout simplement, pour prendre le plus de plaisir. Ça triche pas un live, donc faut donner de soi. Je recherche vachement le moment ou tu arrêtes de penser, de calculer ce que tu fais, c’est là où les choses se créent. Ça demande beaucoup de répétitions, ce qu'on a du mal faire car on est toujours à droite à gauche les uns les autres.

         Quelle est votre actualité dans les mois à venir ?
On va enregistrer en août et je vais essayer de mixer entre 5 et 10 titres, selon le temps. Du coup on devrait sortir une nouvelle cassette courant octobre ou novembre. Sinon on aimerait bien sortir un 45 tours, genre 4 titres ce serait cool, si un label veut bien nous le sortir ! On a plusieurs projets de vidéos aussi, dont un petit clip avec le prochain projet. Sinon, on prévoit de tous aller vivre dans les garages à coté du notre et d'y vivre comme des néo-hippies, avec notre studio à coté, le canapé en cuir de chez Emmaüs et le piano blanc à touche rouge.


A venir : Tournée française en octobre / novembre 2012 (dates à venir) + nouvelle cassette en novembre
Suivre Volage sur Facebook et Bandcamp (téléchargement gratuit + achat de la cassette)
Aussi sur le web : Volage dans Styrofoam Drone



La playlist de Paul -> ses 5 obsessions du moment :

-"She took a long cold look"- Madcap Laughs - Syd Barett
-"Slaughterhouse" - Slaughterhouse - Ty Segall Band
-Tout Family Perfume VOL1/2  - White Fence
-"Freak When I'm Dead"- Was DeadKing Tuff
-"Paranoid" - J.C Satan (Black Sabbath cover)

Punching Joe