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vendredi 9 septembre 2011

Camper Van Beethoven, Telephone free landslide victory

Club Med sucks
A l’aube des années 80, à Santa Cruz, une bande d’étudiants un peu perchés monte un groupe au nom qui en dit déjà long sur leur état d’esprit : Camper Van Beethoven…soit le mélange entre ce bon vieux Ludwig Van et un camping-car, en VO. La rigolade ne s’arrête pas là, puisque David Lowery et ses gars décident de jouer avec des instruments qu’ils connaissent peu, histoire d’apporter de la fraîcheur à leur son (par exemple Jonathan Segel troque sa guitare contre un violon). Et question fraîcheur  ils s’y connaissent, il suffit d’écouter quelques secondes de leur premier album Telephone free landslide victory (1985) pour être convaincu de leur originalité.
Alors que les Sonic Youth posent les bases du rock-indépendant dans le chaos et le bruit, Camper Van Beethoven préfère explorer l’aspect fun et détendu de ce genre bâtard, encore balbutiant, qui illuminera les années 80 et 90. Ils n’hésitent pas à mélanger des mélodies folk ou punk connes comme la lune, avec un tas de musiques du monde, allant du calypso au folklore russe en passant par les Balkans ou le ska.  Le tout est lié par un sens de l’amusement communicatif, notamment à travers des délires dadaïstes dans les paroles ("Mao reminices about days in southern China" pour ne citer qu’un exemple). Ces sonorités originales, David Lowery les a sans doute ramenées de ses nombreux voyages effectués à travers le monde, lorsqu’il suivait les mutations de son père militaire. Pourtant Lowery refuse, et encore aujourd’hui, de se laisser enfermer dans les codes esthétiques du rock éclectique qui consisteraient à "sauter et gueuler sur scène, comme ces horribles groupes, genre Gogol Bordello". Ainsi ils n’étudient pas en détails ces musiques, mais tentent plutôt de les ré-imaginer à partir de souvenirs. Une approche personnelle toujours juste, qui peut faire penser à la démarche des Pogues de l’édenté Shane MacGowan.
Telephone free lanslide victory se compose de 17 chansons et alterne plages instrumentales et tubes imparables. On reste ainsi coi devant l’incroyable variété de ce premier disque. "The day that Lassie went to the moon" et sa sensibilité beuglarde se grave instantanément dans notre tête, tout comme "Take the skinheads bowling", LE tube du groupe (popularisé par la reprise de Teenage Fanclub, utilisée dans le film Bowling for Colombine). On retrouve beaucoup d’éléments constitutifs du rock-indé qui feront la renommée de groupes comme Guided by Voices ou Pavement (un chant bancal mais décomplexé, des guitares instinctives et un sens inné du refrain). Un autre point fort du disque c’est bien sûr le violon troubadouresque de Jonathan Segel qui enrichit aussi bien les chansons pop ("Where the Hell is Bill" ou la fabuleuse "I don’t see you") que les instrus ("Payed vacations : Greece"  ou "Vladivostock", deux chansons qui donne furieusement envie de se faire une tartine de houmous et de se jeter une vodka) avec ses geignements enjoués. Bien que construit comme une compilation, l’album brille par sa fluidité et ce malgré des changements de tempo quasi constants. Au final on ne voit presque pas passer ces 17 chansons et on n’hésite pas en appuyer sur la touche replay.
Camper Van Beethoven ouvre une boite de Pandore pour le rock indépendant. Ils continueront  pendant une dizaine d’années (avant de se reformer au XXIème siècle) à explorer diverses musiques comme la country ou le noise-rock, toujours mus par ce même désir de liberté, l’envie de ne répondre à aucune mode et de s’amuser. Ce Telephone free landslide victory est en fait l’album idéal pour tout amoureux de rock fougueux et faussement je m’en foutiste.
Punching Joe

"The day that Lassie went to the moon"

"take the skinheads bowling" live

"I don't see you"

Album en écoute ici

mardi 14 juin 2011

Spacemen 3, Playing with fire


 Vers l’infini et au-delà 

1989, Fire records
Il faut croire que c’est l’album des Spacemen 3 qui a inspiré à Buzz l’éclair sa célèbre phrase. Elle résume en tout cas parfaitement ce qu’on peut ressentir face à ce trip cosmique quasi  irréel.
Groupe assez radical dans son approche du rock, les Spacemen 3 débarquent de Rugby, Angleterre, au milieu des années 80. Leur hobby : prendre des psychotropes et écouter les Stooges, le 13th Floor Elevators et Suicide. Les blazes qu’ils se donnent pour fonder leur groupe en disent déjà long sur l’état de leurs neurones. Ainsi les deux leaders Peter Kember et Jason Pierce deviennent respectivement Sonic Boom  et Jason Spaceman , et adoptent  la devise : « Taking drugs to make music to take drug to...». Un premier album arrive en 86, Sound of confusion, après quelques années passées à faire des concerts. Et même si le son manque encore un peu de personnalité, on reste tout de même scotché par leur manière de nous hypnotiser avec des chansons brutes et répétitives.
[Je ferai ici une petite remarque pratique. Sachez qu’écouter les Spacemen 3 c’est  s’engager dans une lutte que vous ne gagnerez jamais. Leur endurance sonique, faite de mélodies répétées inlassablement, créant une musique proche de l’hypnose, sera toujours plus forte que votre capacité à résister. Alors soit vous vous laissez envoûter, soit vous déguerpissez…mais comment ne pas se soumettre devant les  magistrales 17 minutes de « Rollercoaster » des 13th Floor Elevator qu’ils reprennent sur l’EP Walking with Jesus ?]
 Seconde étape avec The Perfect Prescription en 87 (évidemment il n’est pas question de doliprane) où ils explorent des territoires toujours plus planants et malades en délaissant leur son garage des débuts. L’apogée arrive enfin avec Playing with fire. Les hommes de l’espace reprennent la formule de The Perfect Prescription  (les obsessions pour Dieu, le feu, la drogue et le cosmos ; le tout emballé dans une pochette immonde !) en allant cette fois à l’essentiel. Neuf chansons pour une odyssée jusqu’au boutiste où chaque note vient se perdre au fond de notre âme.
Ecouter Playing with fire c’est un peu comme vivre une NDE (Near Death Experience), avec tout ce que ça peut avoir de traumatisant. Les quatre premiers morceaux explorent avec douceur une phase de contemplation béate. Le clavier naïf de Kember s’accouple avec la voix tout en reverb’ de Pierce sur « Honey »  tandis que « Come down softly to my soul » et sa guitare stellaire amorce le décollage…sublime.

« Honey, won’t you take me home tonight ? The night is warm, the stars are bright. Take my hand, baby, hold me tight. Every move gonna feel so right»

“How do you feel” continue l’ascension, au dessus de la stratosphère cette fois. Mais on commence à ressentir un malaise, quelque chose se trame. « Believe it » a beau essayer de nous rassurer, l’espace devient de moins en moins accueillant. Et puis La Chose, arrive. « Revolution » qu’elle s’appelle. 6 minutes de destructions et d’apnée sonique. Sûrement la chanson la plus nihiliste qu’il m’ait été donnée d’écouter. Les poils s’hérissent lorsque les deux guitares et la basse passent en mode « réacteurs d’avion ». La batterie apparait avec parcimonie pour nous sommer de se soumettre. L’apothéose arrive avec Kember qui vient poser sa voix rauque tel Hal 9000 dans 2001 l’odyssée de l’espace.
Jason Spaceman, Pete Bassman, Sonic Boom
« Well I'm sick...I'm soooo... sick ! Of the lot of people. Who try to tell me. What I can't. Count do. In my life »
C’est bon on est passé de l’autre côté. Que voit-on ? Comme partout, du beau, du laid. « So hot (wash away all of my tears) » fait l’effet d’une injection de morphine, tandis que « Suicide » (hommage non dissimulé de 11 minutes au groupe d’Alan Vega) nous plonge dans l’enfer du larsen et de la mort. La fin est proche. Juste le temps d’un dernier appel désespéré, du fin fond des limbes. On rassemble le peu de force qu’il nous reste pour chialer un grand coup sur « Lord, can you hear me ? ». Question légitime à ce moment là…
Il y aura bien un dernier album, Recurring, mais il sera entaché de la mauvaise relation que Kember et Pierce entretiennent alors. Split dans la foulée, avec Kember qui s’en va former Spectrum et Pierce Spiritualized. Playing with fire est leur chant du cygne. Au-delà du chef d’œuvre musical, c’est une expérience unique qui veut le coup d’être tentée.
Punching Joe

"Revolution"...For all fucked up children of the world!

"Lord can you hear me?"

samedi 11 juin 2011

Black Tambourine : What kind of heaven do you want ?

Black Tambourine
Parlons sweatshirt informe et veste en jean, parlons robe en velours et jupe en cuir…parlons 90’s bon sang ! Et quoi de mieux pour ça que de divaguer sur l’emblématique et neurasthénique courant shoegaze. Attention, une écoute prolongée et répétée peut conduire à la pendaison, la défenestration ou du moins à une intense migraine (cf les voix de tête à la Miki Berenyi ou les "wall of sound" façon My Bloody Valentine). Aussi cet avertissement d’usage étant fait je vous encourage tout de même à vous en foutre plein les oreilles de temps à autres. Et c’est ce que nous allons faire dès à présent en nous penchant sur le cas Black Tambourine, un des premiers spécimens de la vague.  
Actif de 1989 à 1991 seulement, le groupe produit peu de chansons mais néanmoins assez pour influencer son monde. On peut d’ailleurs supposer que nos Vivian et Dum Dum girls d’aujourd’hui en ont pris de la graine. Alors que la majorité des groupes shoegaze de l’époque sont européens (comme la plupart des sources dont ils s’inspirent),  tout débute ici dans le Maryland à Silver Spring. Le point de départ est un projet entre des membres de Velocity Girl et de Whorl : Archie Moore, Brian Nelson et Mike Schulman, tous réunis autour de la chanteuse Pam Berry. L’histoire du groupe est fortement liée à celle du label indépendant Slumberland Records puisque le guitariste Mike Schulman en est un des fondateurs. Ils apparaissent ainsi sur la toute première compil lancée par Slumberland, What kind of heaven do you want ?, qui en plus de leur morceau "Pam’s tan" contient un titre de Velocity Girl et un autre de Powderburns. Le groupe s’inspire des productions 60’s de Phil Spector mais aussi de Jesus and Mary Chain et de toute la flopée de groupes C86 (du nom de la cassette audio éditée par le NME en 86) comme Shop Asssitants ou The Pastels (avec le titre "Throw Aggi off the bridge" hommage est d’ailleurs rendu à Annabel Wright, alias Aggi, bassiste et chanteuse de la formation écossaise).

Pam Berry
Black Tambourine ne réalise pas d’albums à proprement parler, seulement des EPs ou titres lâchés par ci par là. Et c’est pour réunir l'ensemble de ces petits bijoux que Slumberland Records sort en 2010 la compilation Black Tambourine. Celle-ci fait suite à une première Complete Recordings de 99, à laquelle ont été ajoutées six nouvelles pistes dont certaines seulement jouées en concert à l’époque et enregistrées ici pour l’occasion. Parmi ces dernières on trouve entre autres une reprise de Buddy Holly ("Heartbeat") et une autre de Suicide ("Dream Baby Dream").
Et bien qu’on reconnaisse dans les morceaux de Black Tambourine la douce évanescence et la dissonance propre au mouvement shoegaze, pas question ici de trop de lenteur. Ceux-ci ne sont absolument pas dépourvus de rythme, on pourrait même dire pour quelques uns d’un certain punch ("We can’t be friend ", "Tears of joy") ! Aussi vous ne risquez pas l’assoupissement au volant à l’écoute de Black Tambourine sur l’autoroute (pour la sécurité de tous ne tentez pas l’expérience avec un album de Slowdive).

Compilation Black Tambourine, 2010
Quand la formation se dissout en 1991, la chanteuse Pam Berry poursuit son chemin à travers de nombreux groupes comme The Shapiros, Glo-worm, Castaway Stones…et crée avec Gail O’Hara  l’influent fanzine Chickfactor (édité sur papier de 1992 à 2002). Brian Nelson embarque avec Velocity Girl pour marquer la décennie 90, alors qu’Archie Moore abandonnera ceux-ci pour fonder Heartworms, au côté de sa girlfriend Trisha Roy. Mike Schulman quant à lui, continue le bon boulot amorcé avec Slumberland et jouera également au sein de Magpies and Candleman.
Mais trêve de blablatage, à présent il est grand temps pour vous d’enfiler votre salopette, votre cardigan le plus douillet et de planer…oooooh lovely 90’s !
Hanemone

Black tambourine, "I was wrong" :


Black Tambourine, "Black car" :


Black Tambourine, "We can't be friend" :


Black Tambourine, "Dream baby dream" (Suicide) :

vendredi 10 juin 2011

The Mummies

Dumb'n'rockers

Fans de Brendan Frazer, calmez-vous, ici il ne sera pas question de votre acteur au regard de limace préféré et de son personnage Rick O’Connell, mais plutôt d’un génial groupe de garage. The Mummies se sont formés à San Mateo (proche banlieue de San Francisco) en 88 sous la forme d’un quatuor  qui réunit Trent Ruane (voix, orgue), Maz Kattuah (basse), Larry Winther (guitare) et Russel Quan (batterie). A l’instar de leurs ancêtres, les mythiques Monks, les momies cultivent une attitude je m’enfoustiste et débile. Les Monks avaient honoré leur nom en se faisant des tonsures. C’est donc logiquement que les Mummies arborent, lors de leurs concerts déjantés, des costumes faits de bandelettes. Pas question pour autant de parler de parodie ; The Mummies est un véritable et talentueux groupe de rock’n’roll. Selon Trent Ruane il s’agissait de se réapproprier le garage des 60’s de manière fun et stupide. Une attitude en réaction contre ses voisins de LA et sa scène Paisley Underground (Rain Parade, Dream Syndicate) dont il n’aimait pas la manière de faire sonner trop proprement le garage qu’il appréciait. Un parti pris qui a su toucher "Saint" Billy Childish (celui-ci est d’ailleurs une influence revendiquée du groupe) qui a déclaré : “The only garage group I loved were The Mummies”.
Pendant leur période d’activité (88-92) ils sont restés confinés à la Bay, à l’exception d’une petite tournée à l’Est avec les Headcoats de Childish. Si on peut stigmatiser le manque de zèle des critiques de l’époque, on peut aussi évoquer l’attitude du groupe, qui a certainement tout autant contribué à leur oubli. Rejetant toute forme de professionnalisme et préférant un Do it Yourself radical, ils enregistrent n’importe où et  n’importe comment (des guitares partiellement accordées, une batterie qui sonne comme un vieux bidon métallique, etc.). Ils  créent alors ce qu’ils appellent eux même le « Budget rock ». Ils vont même jusqu’à rejeter le format CD  pour ne sortir que des vinyles, agrémentés de la maxime « F*ck CDs ! ».

The Mummies et leur fameuse cadillac ambulance

Après le split de 92 ils se réuniront quelque fois, pour des concerts au compte goute. En 2003 ils publient un album, Death by Unga Bunga, et se mettent au CD. Seraient-ils rentrés dans le rang ? Il suffit de se balader sur leur site web pour comprendre que non :
« The Mummies were a stupid band. This is their stupid Website. You cared about them enough to get this far. Now you are stupid too. That’s the Mummies’ curse »

Pour se faire une idée du style du groupe, jetez une oreille à F*ck CDs ! It’s the Mummies (la version anglaise, amputée de quelques titres, de Never Been Caught sorti en 92, désormais presque introuvable). On y découvre un garage riche, puissant et bien sûr très crasseux. Quelques années plus tôt, du côté de Detroit, les Gories de Mick Collins proposaient eux aussi du garage lo-fi. Mais là où les Gories préféraient se tourner vers la soul et le blues, les Mummies eux avaient un penchant prononcé pour le rockabilly, le garage des compil’ Nuggets et le punk. On se retrouve donc avec des pistes foutraques mais qui n’oublient jamais de swinguer (« Justine », « Your ass (in the next line) »). Les influences sont par ailleurs maîtrisées, on a même droit à une reprise de « Shot Down » des Sonics ainsi qu’à un pastiche jouissif de « You really got me » des Kinks avec « Stronger than dirt ». Comment ne pas non plus penser aux Milkshake ou aux Mighty Caesars de Childish  avec cette guitare tranchante et même aux Stooges grâce la voix de Trent Ruane que l’iguane ne renierait pas.
Une débilité régressive au service d’un rock inspiré et ravageur, ça fait toujours du bien. Et si pour cette raison vous faites déjà tourner les Black Lips en boucle, vous pouvez dès maintenant alterner avec les Mummies !
Punching Joe

"The fly", live 91

"Your ass is next in line" live 08, lors d'une reformation.