En posant les bases d’un rock-psyché monolithique, fortement teinté de shoegaze, the Laurels avaient frappé fort avec la sortie de Mesozoic, leur premier EP. Les revoilà fièrement armé d’un premier LP, dénommé Plains, à l’artwork alléchant. Étant passé honteusement à côté de Mesozoic à l’époque, c’est plus avec curiosité qu’avec attente qu’on a jeté une oreille à cette sortie. Et bien nous en a pris.
Si les Laurels ont bien un talent, c’est celui d’ouvrir majestueusement leurs disques. Mesozoic nous envoyait directement dans les cordes avec un "Black Cathedral" hypnotique. Ici c’est "Tidal Wave" qui vient nous fracasser. Une chanson qui porte bien son nom ("raz-de-marée"), mais qui pourrait aussi bien évoquer un décollage spatial, tant la puissance sonique mise en œuvre souffle dès les premiers riffs de guitares, transformées pour l’occasion en réacteurs. Un des meilleurs opening tracks entendu cette année qui introduit un disque où les Laurels exposent clairement leur côté shoegaze. Et attention, ici quand on dit shoegaze, ce n’est pas pour désigner de la pop un brin noisy ou un peu éthérée sur les bords. Non, quand les Laurels parlent shoegaze c’est dans le langage de My Bloody Valentine et de Ride, celui des guitares nucléaires qui crachent des riffs vénéneux, celui des basses étouffantes et de batteries assommantes.
"Tidal Wave"
"Traversing the univers" et ses guitares chaloupées à la Tame Impala ainsi que la fabuleuse "Glacier", viennent finir de bâtir cette fusée pensée pour explorer et contempler des galaxies lointaines. Et une fois leur vitesse de croisière atteinte, les Laurels se permettent des variations intéressantes qui ne cantonne pas Plains à un disque de shoegaze monolithique. "This City Is Coming Down" par exemple, portée par un chant brit-pop étonnant, fait dans la pop très classe et laisse entrevoir une facette du groupe insoupçonnée. Ou encore "One Step Forward (Two Steps Back)", pop-song bizarroïde qui se cache sous un apparat heavy surprenant, mais finalement accrocheur. Ainsi sur l’ensemble du disque l’héritage psyché du groupe n’apparait que par petites touches. Il fait néanmoins quelques percées remarquées sur "Sway Me Down Gently", où l’on aperçoit les fantômes des Warlocks.
Bien en place et jamais à court d’idées, ces Australiens (et oui encore !) qui ont la tête dans le cosmos, réussissent avec succès le test du premier LP. Plains est un album intelligent qui sait gérer ses moments de faiblesses ("Manic Saturday" ou "Changing the timeline", moins inspirées mais placées juste après des killer-songs) et qui magnifient ces moments forts, toujours bien aidé par une production irréprochable. Ladies and gentlemen, we are floating in space.
Punching Joe
L'album, sorti sur Rice Is Nice en écoute intégrale sur bandcamp :
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