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mardi 14 juin 2011

Spacemen 3, Playing with fire


 Vers l’infini et au-delà 

1989, Fire records
Il faut croire que c’est l’album des Spacemen 3 qui a inspiré à Buzz l’éclair sa célèbre phrase. Elle résume en tout cas parfaitement ce qu’on peut ressentir face à ce trip cosmique quasi  irréel.
Groupe assez radical dans son approche du rock, les Spacemen 3 débarquent de Rugby, Angleterre, au milieu des années 80. Leur hobby : prendre des psychotropes et écouter les Stooges, le 13th Floor Elevators et Suicide. Les blazes qu’ils se donnent pour fonder leur groupe en disent déjà long sur l’état de leurs neurones. Ainsi les deux leaders Peter Kember et Jason Pierce deviennent respectivement Sonic Boom  et Jason Spaceman , et adoptent  la devise : « Taking drugs to make music to take drug to...». Un premier album arrive en 86, Sound of confusion, après quelques années passées à faire des concerts. Et même si le son manque encore un peu de personnalité, on reste tout de même scotché par leur manière de nous hypnotiser avec des chansons brutes et répétitives.
[Je ferai ici une petite remarque pratique. Sachez qu’écouter les Spacemen 3 c’est  s’engager dans une lutte que vous ne gagnerez jamais. Leur endurance sonique, faite de mélodies répétées inlassablement, créant une musique proche de l’hypnose, sera toujours plus forte que votre capacité à résister. Alors soit vous vous laissez envoûter, soit vous déguerpissez…mais comment ne pas se soumettre devant les  magistrales 17 minutes de « Rollercoaster » des 13th Floor Elevator qu’ils reprennent sur l’EP Walking with Jesus ?]
 Seconde étape avec The Perfect Prescription en 87 (évidemment il n’est pas question de doliprane) où ils explorent des territoires toujours plus planants et malades en délaissant leur son garage des débuts. L’apogée arrive enfin avec Playing with fire. Les hommes de l’espace reprennent la formule de The Perfect Prescription  (les obsessions pour Dieu, le feu, la drogue et le cosmos ; le tout emballé dans une pochette immonde !) en allant cette fois à l’essentiel. Neuf chansons pour une odyssée jusqu’au boutiste où chaque note vient se perdre au fond de notre âme.
Ecouter Playing with fire c’est un peu comme vivre une NDE (Near Death Experience), avec tout ce que ça peut avoir de traumatisant. Les quatre premiers morceaux explorent avec douceur une phase de contemplation béate. Le clavier naïf de Kember s’accouple avec la voix tout en reverb’ de Pierce sur « Honey »  tandis que « Come down softly to my soul » et sa guitare stellaire amorce le décollage…sublime.

« Honey, won’t you take me home tonight ? The night is warm, the stars are bright. Take my hand, baby, hold me tight. Every move gonna feel so right»

“How do you feel” continue l’ascension, au dessus de la stratosphère cette fois. Mais on commence à ressentir un malaise, quelque chose se trame. « Believe it » a beau essayer de nous rassurer, l’espace devient de moins en moins accueillant. Et puis La Chose, arrive. « Revolution » qu’elle s’appelle. 6 minutes de destructions et d’apnée sonique. Sûrement la chanson la plus nihiliste qu’il m’ait été donnée d’écouter. Les poils s’hérissent lorsque les deux guitares et la basse passent en mode « réacteurs d’avion ». La batterie apparait avec parcimonie pour nous sommer de se soumettre. L’apothéose arrive avec Kember qui vient poser sa voix rauque tel Hal 9000 dans 2001 l’odyssée de l’espace.
Jason Spaceman, Pete Bassman, Sonic Boom
« Well I'm sick...I'm soooo... sick ! Of the lot of people. Who try to tell me. What I can't. Count do. In my life »
C’est bon on est passé de l’autre côté. Que voit-on ? Comme partout, du beau, du laid. « So hot (wash away all of my tears) » fait l’effet d’une injection de morphine, tandis que « Suicide » (hommage non dissimulé de 11 minutes au groupe d’Alan Vega) nous plonge dans l’enfer du larsen et de la mort. La fin est proche. Juste le temps d’un dernier appel désespéré, du fin fond des limbes. On rassemble le peu de force qu’il nous reste pour chialer un grand coup sur « Lord, can you hear me ? ». Question légitime à ce moment là…
Il y aura bien un dernier album, Recurring, mais il sera entaché de la mauvaise relation que Kember et Pierce entretiennent alors. Split dans la foulée, avec Kember qui s’en va former Spectrum et Pierce Spiritualized. Playing with fire est leur chant du cygne. Au-delà du chef d’œuvre musical, c’est une expérience unique qui veut le coup d’être tentée.
Punching Joe

"Revolution"...For all fucked up children of the world!

"Lord can you hear me?"

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