Ode à Joel Gion
Il était tout simplement prévu de faire ici un hommage appuyé à l’irrésistible homme tambourin Joel Gion et je découvre aujourd’hui même que le délirant percussionniste a une actualité comme on dit. Un EP solo, sorti le 24 mai et logiquement intitulé Extended Play (pourquoi se faire chier ?) qui me donne donc un bon prétexte (encore en faudrait-il un) pour bêtement parler de lui comme je voulais le faire.
Joel Gion, 41 ans, est un des membres permanents du génialissime groupe néo psychédélique The Brian Jonestown Massacre. Une épopée qui démarre à San Francisco au début des années 90. Joel assure alors les chœurs, le tambourin, parfois même les maracas. Selon ses propres dires, il contribue aussi grandement à l’apport d’idées dans le processus de création.
Une chose est sûre, sans sa nonchalante mais néanmoins remarquable présence habituelle au tout devant de la scène, le groupe n’aurait pu être ce qu’il est, question de style. Ne manie pas le tambourin avec classe qui veut. Et preuve qu’il est indispensable, il est un des rares membres à faire long feu aux côtés de son ami, chanteur et leader du groupe, Anton Newcombe. Ce dernier, génie maniaque du son, véritable tyran avec ses propres musiciens, n’hésite pas à les réprimander sur scène au moindre faux pas (pour ne pas dire les insulter voire les frapper) ou carrément à les virer en plein concert.
Joel prête même sa bouille pour la pochette de l’album au nom évocateur Thank god for mental illness sorti en 1996. Et justement, c’est sans doute parce qu’il est, à sa manière, aussi taré que Newcombe (voire plus) et qu’absolument rien ne semble pouvoir perturber son monde, que Joel Gion a pu évoluer à son aise au milieu de tout ce chaos. Un chaos, entre autres généré par la personnalité destructrice de Newcombe, formidablement capté par Ondie Timoner dans son joussif documentaire Dig ! (honte à ceux qui ne l’ont toujours pas vu), dans lequel on suit durant sept ans l’itinéraire rocambolesque du Brian Jonestown Massacre et de leurs frères ennemis, les Dandy Warhols. Dans le film, le personnage Joel prend toute sa dimension, complètement allumé, ne se prenant absolument pas au sérieux et ayant même l’air de vivre dans une perpétuelle blague. La plaisanterie étant souvent sa réponse aux innombrables crises que Newcombe pique sur scène.
Joel quitte parfois le groupe pour mieux y revenir. En 2007 il s’offre par exemple une parenthèse avec la création de sa propre bande, The Dilettantes, et la sortie de 101 tambourines. Un album aux accents plus pop que les œuvres du BJM, à l’image de la vidéo colorée qui lui fait office de teaser. Un petit film qui reprend l’idée d’une pub Sony bien connue, vous savez celle où des milliers de balles de toutes les couleurs dévalent les rues de San Francisco...ben là c'est pareil mais avec des tambourins.
Notons qu’avant ça, en 2005, l’ami Joel avait déjà offert ses talents à un autre groupe…mais fictif celui-là. Dans la saison 6 de la série américaine Gilmore Girls on le voit en effet agiter son instrument fétiche pour les Hep Alien, le temps d’un épisode.
Anton Newcombe et Joel Gion dans Dig ! |
Aujourd’hui, c’est donc tout seul, comme un grand, qu’il présente Extended Play, uniquement disponible en vinyle (celui-ci étant tout de même livré avec un pass qui permet le téléchargement de l’ensemble des titres). Cette fois il s’est occupé de tout, de l’écriture à l’enregistrement en passant par la conception de la pochette et même du site internet, un véritable projet DIY. A en juger par les deux morceaux qu’on peut écouter sur le net, le Brian Jonestown Massacre n'est pas bien loin…
Hanemone
“Hey ! Mr. Tambourine Man, play a song for me
I’m not sleepy and there is no place I’m going to
Hey ! Mr. Tambourine Man, play a song for me
In the jingle jangle morning I’ll come followin’ you”
“Mr. Tambourine Man”, Bringing it all back home, Bob Dylan, 1965.
Scène bonus de Dig! :
Live du BJM, "Servo" :
Teaser 101 Tambourines :
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