Craig Dermody a formé Scott & Charlene’s Wedding à Melbourne, avant de déménager pour New York, ville qu'il a toujours fantasmée. Après quelques galères, le temps de trouver un nouveau groupe et de se familiariser avec la grosse pomme, il enregistre Any Port in a Storm, qui succède à l’excellent Para Vista Social Club. Désormais moins saturé, son indie-rock se pare de contours plus pop à travers 11 chansons habitées par la personnalité sensible de leur auteur.
La musique de Scott & Charlene’s Wedding a quelque chose de fondamentalement ordinaire et spontanée. Graig Dermody ne s’en cache pas d’ailleurs, il écrit et chante comme ça vient; sur la vie, ses pensées, ses angoisses. C’est un songwriter dans l’âme, qui pense d’abord à ses chansons, avant d’en imaginer le son. Sur Para Vista Social Club il cachait néanmoins son jeu de guitare, qu’il jugeait approximatif, derrière des distorsions qui donnaient une tonalité velvetienne à sa musique. Avec Any Port in a Storm il a confié l’enregistrement à Jarvis Taveniere de Woods, qui a clarifié tout ça et donné une patine indie-pop à ces titres délicats.
Il n’a pas pour autant perdu sa nonchalance indie-rock. Un détachement qui n'est pas sans rappeler celui de Pavement et de leurs mélodies universelles. Car Craig Dermody est un pur produit des années 90 et ne manque pas de le souligner. Il intitule même une des ses chansons "1993" pour y conter la folie des playoffs NBA cette année là. La base de toutes les compositions est élémentaire : raconter des histoires, et souvent son histoire, à l’aide de trois accords convaincus et d’une voix bavarde. La formule est simple, efficace, et semble pouvoir être répétée à l’infini, sans lasser.
Même s’il est très homogène, Any Port In a Storm alterne habilement les passages accrocheurs ("Jackie Boy", "Downtown", "Charlie’s in the gutter") et ceux plus aériens ("Lesbian Wife", "Junk Shop", ou la belle balade "Spring St"). On retiendra l’excellent travail de Michael Caterer à la guitare solo qui tapisse le disque des ses riffs indie-pop scintillants. Une élégance seyant parfaitement aux compositions de Dermody qui trouvent ici un écrin idéal pour se déployer. Sans fard, la musique de l’Australien brille dans sa fragilité, toujours tiraillée entre insouciance et désenchantement.
Punching Joe
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