En juin dernier, la quasi-totalité des membres de June Brides se sont réunis à nouveau pour sortir un 45 tours sur Slumberland records, 26 ans après leur dernier single. Et même si les deux chansons en question ne méritent pas vraiment qu’on s’y attarde, j’ai pensé que c’était l’occasion de réécouter leur fascinant et unique mini album, There are eight million stories, édité par Pink label en 1985, histoire de faire une virée dans une décennie chère à mon cœur.
Les six garçons de June Brides, emmenés par Phil Wilson, ont connu le succès dans l’Angleterre des années 80 : couverture du NME, bonne place dans l’indie chart, première partie des Smiths sur invitation de Morrissey…avant de s’éclipser aussi vite qu’ils étaient arrivés et de se fondre, avec le temps, dans toute la flopée des groupes estampillés C86. A l’époque la formation a d’ailleurs refusé de figurer sur la fameuse compilation par peur de se faire cataloguer. Or pas de doute, leur son s’inscrit clairement dans l’indie pop des années 80 avec tout ce qu’elle a de magique : l’art subtile de réunir le sentiment de joie et celui de mélancolie, l’envie qu’elle donne de fredonner tout bas la délicieuse mélodie et de se planquer derrière les guitares saturées mais douillettes. La représentation la plus pure et parfaite de cette indie pop made in eighties serait d’ailleurs pour moi les morceaux des Pastels qui réjouissent mon âme chaque jour que Dieu fait (♫ take my hand and take my heart I shiver when you’re near ♫). Or les titres de June Brides, bien qu’emprunts des caractéristiques susnommées se détachent de beaucoup des productions de l’époque par leur emphase, leur suprême élégance. En clair ils sonnent moins "adolescent fragile", ils nous poussent moins à l’autisme (celui qui va trouver son paroxysme dans l'hypnotisant shoegaze, bien inspiré par ces aînés peu enclins aux hurlements et à la démonstration). Ceci est en partie du à une sublime instrumentalisation, très élaborée et foisonnante, avec notamment l’intervention du trompettiste Jon Hunter qui marque des morceaux comme "Every conversation", "Heard you whisper", mais aussi à la voix mélodieuse, assurée et puissante de Phil Wilson. Y a pas à dire ces types sont vraiment classes. Leur son n’est d’ailleurs pas sans évoquer les non moins chics stars de l’époque, les Smiths, surtout sur des titres comme "Sunday to Saturday" ou "In the rain". Les rythmiques sèches et obsédantes qui parcourent There are eight million stories nous ramènent aussi de l’autre côté de l’Atlantique, au pays des Feelies et de leur fabuleux Crazy Rhythms.
"Sunday to Saturday"
"Heard you whisper"
"I fall" live 1986
Quand le groupe s’est séparé après des problèmes de fric et aussi, je crois, de maison de disques, Phil Wilson a entamé une carrière solo sur le mythique Creation records, tout aussi éphémère que celle des June Brides, avant de se remotiver en 2010 pour sortir un album (God bless Jim Kennedy) et de regrouper petit à petit ces potos pour les deux titres que j’évoquais au début, "A January Moon" et "Cloud" (le premier étant le plus intéressant des deux).
A noter qu’en 2010 un tribute album dédié aux June Brides et à Phil Wilson a été édité par le label irlandais Yes Boy Ice-cream. On peut y entendre, entre autres, une version du morceau "Waiting for a change" réalisée par notre petit prince de l’antifolk adoré : Jeffrey Lewis.
Hanemone
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