Aujourd’hui pas de sortie fraîche pour ce billet musical mais plutôt un bond fracassant en arrière. Nous sommes au début des années 90, le grunge hurle littéralement sa désillusion aux oreilles du monde et hisse Kurt Cobain au rang d’icône. Parmi les groupes de Seattle qui pullulent, l’un d’eux décide d’allier la rage ambiante aux vapeurs du psychédélisme : Love Battery. Retour sur une merveille.
Love Battery |
En 1989, Ron Nine cherche de nouveaux compères après la dissolution de son groupe Room Nine. Il s’entiche alors du guitariste Kevin Whitworth, du bassiste Tommy Bonehead et du batteur Dan Peters, plus connu aujourd’hui pour ses prestations au sein de Mudhoney. Ce dernier quitte rapidement la formation balbutiante et est remplacé par Jason Finn pour leur première sortie chez Sub Pop, le single Between the Eyes. Le groupe qui n’était pas tout à fait satisfait du titre avait finalement eu une révélation en écoutant le tremolo sur le morceau des Smiths, "How soon is now ?", lors d’un bourlingage en voiture.
Au mois de février 1992, un très bel album du même nom paraît, toujours chez le label phare de Seattle. Le disque annonce la couleur : un ancrage dans le son heavy propre aux nineties, un amour certain pour la pop sixties, une passion non dissimulée pour les guitares fuzz et un penchant pour le punk rock seventies (le nom Love Battery étant d’ailleurs emprunté à un titre des Ramones).
Mais c’est avec Dayglo, sorti la même année, que Love Battery atteint l’apogée de cette singulière alchimie. Les dix pistes explorent à la perfection ces influences assumées et nous projettent aussi bien dans des rengaines psyché délicieuses ("Blonde", "Out of focus") que dans des pulsations hard qui nous flinguent la cervelle ("See your mind", "Cool School"), le tout, avec un absolu et constant sens de la mélodie. Le groupe, sans s’être émancipé entièrement du son grunge local, s’en est servi de base pour une construction musicale plus complexe et s’est positionné en marge du mouvement, à l’instar d’une formation comme Screeming Trees.
Après l’acmé que fut Dayglo, le groupe a connu de nouveaux changements d’effectif (dont un retour éclair de Dan Peters) et a sorti trois autres albums : Far Gone en 1993, Straight Freak Ticket en 1995 et Confusion Au Go Go en 1999.
"Fuzz Factory" sur l'album Straight Freak Ticket. Le clip, tourné à Vegas, est inspiré du livre Fear and Loathing in Las Vegas d'Hunter S. Thompson.
Suite à quelques reformations éphémères, le temps de concerts, Love Battery laissait entendre en 2012 que l’enregistrement de nouveaux morceaux était prévu…
Hanemone
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