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mardi 2 octobre 2012

Blackfeet Braves, s/t LP


Cela faisait deux ans qu’on se contentait de leurs fameuses démos, lâchées nonchalamment sur une page Bandcamp. Un peu énervés devant le manque de mises à jour, on s’est résolu à les ranger dans la catégorie des gros branleurs bourrés de talent mais incapables de s’assumer. Erreur. Durant l’été tout s’est accéléré et les Blackfeet Braves ont refait surface, annonçant la sortie de leur premier album. Mis en écoute gratuite, ce LP, qui devrait bientôt se matérialiser sur du vinyle*, est à la hauteur des espoirs qu’on avait placés sur leurs tronches de californiens je-m’en-foutiste.
"Oh So Fine"

Redécouvert par les Growlers et leur autoproclamé son « beach goth », le mysticisme dans la pop trouve avec les Blackfeet Braves son expression la plus envoûtante. Trop souvent monopolisées par les psyché, les mélodies vaudou sont pourtant tout aussi prenantes lorsqu’elles s’expriment à travers des guitares aigrelettes. Car pas besoin de paluches rugueuses pour manipuler ces sonorités et conduire vers le tant convoité « trip » ; les Blackfeet Braves et leur doigté sensible y arrivent tout aussi bien.

Ce premier LP est ainsi parcouru par une espèce de fragilité qui confine au merveilleux. Sans renier les démos, les Blackfeet Braves ont néanmoins voulu affiner leur son. Ils n’ont cependant pas complètement renoncé à leur patine lo-fi si charmante. Si le tube "Trippin’ like I do" perturbe d’abord par sa rythmique plus rentre-dedans,  il n’en reste pas moins, au fil des écoutes, une chanson au riff absorbant complètement fascinant. Ces gars sont des orfèvres pop comme on en croise peu souvent. Sur une compo, la sublime « Oh So Fine » par exemple, ils sont ainsi capables de reléguer des groupes comme Real Estate au rôle de simples figurants.
L’imaginaire californien est évidemment au cœur du débat ici. Mais loin des clichés, il est peint avec une sorte de lassitude et de mélancolie qui fait presque passer les plages de LA pour des plaines fantomatiques du Montana. Comme avec les Growlers, on est face à des jeunes plus désœuvrés et lascifs qu’enthousiastes et naïfs. On se met alors à barboter dans leur surf-pop aux accents western avec une nonchalance prononcée, bercés par des couplets langoureux et fouettés par des refrains écumant légèrement sur la nuque. 

On pourrait parler plus précisément des chansons : dire à quel point "Cloud 9", "Mystic Rabbit" ou "Misery Loves Compagny", sont géniales, dire à quel point les tremolos dans la guitare nous font fondre, ou décrire en détail les effets sur le métabolisme de ce petit clavier sifflotant et de ces voix chevrotantes, mais ce serait entrer impudiquement dans une expérience qui n’appartient qu’à l’auditeur. A l’aube ou au crépuscule, la musique des Blackfeet Braves brille avec un même éclat noir qu’il est difficile de décrire.
Punching Joe

L'album est en écoute intégrale ci dessous, vous pouvez également faire un tour sur le site du groupe et commander le LP, *disponible depuis février 2013 chez Lolipop Records.

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