Suivre l’actualité de la mirifique scène indépendante australienne étant un boulot à plein temps, on se contente d’attraper quelques albums à la volée. Aujourd’hui on revient sur cet excellent disque d’Eastlink, passé un peu inaperçu malgré une sortie, il y a quelques mois, chez les incontournables In The Red.
Premier point notable, la présence du petit génie de Melbourne, Al Montfort, dont le CV est de plus en plus vertigineux : UV Race, Dick Diver, Straightjacket Nation, Lower Plenty, Total Control, Snake... Pour la petite histoire, cette hyperactivité lui a même valu d’être embrigadé dans la course au titre de l’Australien de l’année 2013. Le deuxième élément qui a titillé notre curiosité c’est la formation atypique d’Eastlink : quatre guitares et une batterie, soit la recette parfaite pour produire une musique flinguée jusqu’à la moelle.
Et c’est le cas, puisque le quintette fait dans le rock psychédélique lo-fi, ambiance six cordes possédées et chant désabusé. La fabuleuse "Spring St", par exemple, qui engloutit un riff façon the Black Angels sous des couches de saturations acides, des chœurs terrifiants et autres solos sans queue ni tête. De la pure musique de groupe, au songwriting volontairement limité mais à l’assise et la puissance de frappe assourdissantes. On retient également la démoniaque "Overtime", l’instrumentale "Dinnerchat", parfaitement anxiogène, ou encore "What A Silly Day (Australia Day)", passage à tabac introductif totalement jouissif. Sans oublier le rouleau compresseur "Gina" qui nous conforte dans l’idée qu’Eastlink serait une sorte de réponse australienne aux Cosmonauts. À ceci près que les Américains, même s’ils ont d’autres qualités, ne pourront jamais atteindre ce second degré, ce détachement total, qui donnent une saveur si particulière à la musique d’Eastlink.
Punching Joe