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samedi 20 septembre 2014

Eastlink-S/T


Suivre l’actualité de la mirifique scène indépendante australienne étant un boulot à plein temps, on se contente d’attraper quelques albums à la volée. Aujourd’hui on revient sur cet excellent disque d’Eastlink, passé un peu inaperçu malgré une sortie, il y a quelques mois, chez les incontournables In The Red.


Premier point notable, la présence du petit génie de Melbourne, Al Montfort, dont le CV est de plus en plus vertigineux : UV Race, Dick Diver, Straightjacket Nation, Lower Plenty, Total Control, Snake... Pour la petite histoire, cette hyperactivité lui a même valu d’être embrigadé dans la course au titre de l’Australien de l’année 2013. Le deuxième élément qui a titillé notre curiosité c’est la formation atypique d’Eastlink : quatre guitares et une batterie, soit la recette parfaite pour produire une musique flinguée jusqu’à la moelle.

Et c’est le cas, puisque le quintette fait dans le rock psychédélique lo-fi, ambiance six cordes possédées et chant désabusé. La fabuleuse "Spring St", par exemple, qui engloutit un riff façon the Black Angels sous des couches de saturations acides, des chœurs terrifiants et autres solos sans queue ni tête. De la pure musique de groupe, au songwriting volontairement limité mais à l’assise et la puissance de frappe assourdissantes. On retient également la démoniaque "Overtime", l’instrumentale "Dinnerchat", parfaitement anxiogène, ou encore "What A Silly Day (Australia Day)", passage à tabac introductif totalement jouissif. Sans oublier le rouleau compresseur "Gina" qui nous conforte dans l’idée qu’Eastlink serait une sorte de réponse australienne aux Cosmonauts. À ceci près que les Américains, même s’ils ont d’autres qualités, ne pourront jamais atteindre ce second degré, ce détachement total, qui donnent une saveur si particulière à la musique d’Eastlink.
Punching Joe


mercredi 3 juillet 2013

Dick Diver-Calendar Days

Chapter Music 1/2

L’histoire est finalement assez banale dans le petit monde du rock alternatif : celle d’un gamin (Guy Blackman) qui s’emmerde dans une ville isolée (Perth, Australie) et qui décide d’éditer lui-même son propre fanzine musical pour partager sa passion. Le paquet de photocopies agrafées avec amour s’appelle alors Chapter 24, en hommage à Syd Barrett. Guy Blackman trouve aussi que Perth regorge de super groupes, mais comme tout le monde s’en fout, il crée un label et commence par vendre des compilations cassettes faites maison (dont un tribute à Sonic Youth). Chapter Music est en train de naître, nous sommes en 1992 et Guy Blackman s’apprête à écrire un nouveau chapitre dans l’histoire des labels DIY, celui d’une structure qui va traverser deux décennies en toute humilité, sans autre motivation que de donner sa chance à des groupes. Délocalisé ensuite à Melbourne, Chapter Music va suivre les envies de son fondateur et bâtir un catalogue varié et pointu, regroupant entre autres : The Cannanes, the Crayon Fields, Primitive Calculators, Tenniscoats, Sleepy Township (son groupe) ou encore Molasses. Aujourd’hui Chapter Music reste une valeur sûre, la preuve avec les sorties récentes des deuxièmes albums de Dick Diver (Calendar Days) et Beaches (She Beats).

Dick Diver est un quatuor de Melbourne qui colle parfaitement à l’esprit de Chapter Music: humble, discret mais qui frappe toujours juste. Sur Calendar Days ils atteignent un raffinement pop rare et signent un des disques de l’année.

Il est essentiellement question d’équilibre dans la pop, d’une harmonie parfaite enveloppant voix et instruments dans une même respiration. Tout en délicatesse et en minimalisme, Dick Diver a su capter en l’espace de 11 titres cet équilibre ultime. Pourtant, loin d’eux l’idée de courir après une innocence, une naïveté, souvent garants de la fameuse "fraîcheur", si rassurante, qu’on aime retrouver dans une pop-song. Leur musique fait au contraire preuve d’une sagesse moins immédiate, mais révèle des chansons intelligentes et précieuses.


"Blue and That" ouvre avec un clavier soyeux faisant flotter une voix Lou Reedienne. Une caresse langoureuse stoppée par "Alice" et ses guitares scintillantes. Dans la foulée "Calendar Days" persiste : quelques accords de guitare claire et un duo de voix mixte en osmose ponctué par un harmonica céleste ; on sait d’ores et déjà que le disque sera sublime. Économe comme du Field Mice, pudique comme du Go-Between, la musique de Dick Diver est autant habitée par ces illustres aînés que par sa propre grâce. ""Boys et "Two Year Lease" se réfugient ensuite dans une chambre lugubre, susurrant quelques notes tombées du ciel entre deux silences béats. "Lime Green Shirt" et "Bondi 98’" gambadent elles sereinement, toujours portées par ce son limpide, tout en retenue, qu’on voudrait entendre plus souvent chez les poppeux. Une production tellement juste que la musique de Dick Diver en devient presque irréelle, des étincelles enivrantes de "Gap Life", à la berceuse lunaire "Amber" qu’on aimerait prolonger pour toujours. Calendar Days n’est pas un rafraîchissement éphémère, mais un grand disque pop sincère dont seules de très nombreuses écoutes feront accepter la réalité.

Punching Joe

♦ La deuxième partie du focus sur Chapter Music avec Beaches.
♦ A noter que des membres de Dick Diver sont aussi dans les rangs d'excellents groupes australiens comme UV Race, Total ControlBoomgates ou encore Lower Plenty