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mardi 5 mars 2013

Messages by Bodo

Le 1er mars nous nous sommes rendus au vernissage de l’expo Messages by Bodo qui se tient jusqu’au 18* à l’espace Jour et Nuit : ambiance ultra détendue et chaleureuse, bières roumaines de caractère à disposition, autant dire des conditions parfaites pour apprécier les œuvres obsessionnelles de l’artiste Bodo.




George Bodocan, alias Bodo, est un plasticien roumain qui, depuis 2010, est en résidence à l’espace Jour et Nuit à Paris. L’exposition Messages by Bodo est en fait une rétrospective de ce séjour de trois ans. Elle présente un amas d’objets en tous genres investis avec fougue par le trait caractéristique de l’artiste. Bodo use en effet du marqueur pour donner forme à des silhouettes impersonnelles, sortes de fantômes tous semblables mais jamais identiques. Et c’est sur des morceaux épars de mobilier ou encore de simples planches que se déversent ces figures spontanées. Il ne s’agit donc pas ici du ready-made de Duchamp qui déclare "ceci est une œuvre d’art" en pointant du doigt l’objet du quotidien. Au contraire, Bodo fait réellement art de tout objet lambda en se l’appropriant. 




Les silhouettes créées par l’artiste, appuyées par le marqueur noir, ne sont pas sans rappeler celles de Keith Haring. Or si l’américain s’attachait à montrer des formes humaines, les êtres tracés par Bodo revêtent aussi une dimension évanescente, comme des âmes qui cherchent à s’entremêler, ils paraissent libres de toute matière clairement définie. C’est d’ailleurs pourquoi le matériau sur lequel vient se poser le dessin se permet n’importe quelle apparence. Il s’agit de saisir la fuite perpétuelle, comme si elle devait laisser trace sur le premier support venu, pour nous signifier quelque chose. Seul ce déversement inconscient des formes et des couleurs prime, dans un procédé qui évoquent les toiles de Miró.



Une figure « signature » se détache du flot et revient à travers plusieurs œuvres : celle du petit personnage recroquevillé. Est-ce qu’il essaye de penser au milieu de tout ce boucan ? Est-ce qu’il pleure ? Est-il seulement fatigué ? De lui s’échappent toujours quelques pointillés, parfois un cercle, une croix, comme les marques tenaces d’une quelconque aspiration.




C’est par ces détails précis mêlés à un souffle constant que les intrigantes et captivantes œuvres de Georges Bodocan prennent une dimension mystique, sacrée. Les références religieuses peuvent d’ailleurs renforcer cette impression, qu’il s’agisse du clin d’œil au théologien Jan Hus ou de la représentation de la Cène, associée ici avec humour au guichet d’attente d'un Mcdo.




Quatre salles d’exposition pour transmettre une multitude de messages, puisque telle est l’obsession de cet artiste envoûtant.


Hanemone


*Note du 08/03/2013 : attention pour des raisons matérielles, l'exposition se termine finalement aujourd'hui. Soirée de décrochage à 19h.

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