C’est la
crise, des gens mangent le visage d’autres, les araignées géantes attaquent, et
même les zicos de la plage sont désabusés. Sale temps. Terminé l’imaginaire du
shorty et de la crinière gominée, la Danelectro soigneusement polishée en mains;
fini le booty-shake désuet en monokini à froufrou. Aujourd’hui le rocker de
plage se baigne, blasé, dans une flotte verte, vêtu d’un slim noir et poisseux,
en chantant son blues couleurs Instagram à travers une haleine souffreteuse de
fumeur de nems frelatés. The Growlers, Triptides, Wavves, BlackFeet Braves,
Beach Fossils et maintenant thee Holy Ghosts, autant de groupes pour qui la
surf-music ne peut se détacher de la mélancolie océanique, du fantasme, ou d’un
certain second degré qui semble masquer certaines angoisses.
Les 3
membres de thee Holy Ghosts sont originaires de Gainesville, petite cité américaine
située dans les terres de Floride, surtout (seulement) connue pour son club de
basket universitaire (les Gators), où Joakim Noah a fait des siennes pendant
quelques années. Leur premier EP, tout juste mis à disposition en
téléchargement gratuit, a fait frétiller mes conduits auditifs.
Les dix
chansons mises en boite témoignent de l’amour du groupe pour le garage sixties, qu’ils mêlent au surf-rock, au doo-wop et au rock’n’roll, le tout dans un
joyeux bordel lo-fi. Car la force de cet EP c’est bien son aisance à décliner
avec style et précision cette bonne vieille base garage. Les Holy Ghosts font de
la musique de branleurs certes, mais de la musique de branleurs qui groove, qui
tient debout, et ce malgré la précarité qui se dessine au fil de chansons. Ian,
Taylor et Hector savent en effet y faire quand il s’agit de balancer d’excellentes
compo catchy et régressives, façon Black Lips, Dick Dale ou Los Saicos ("I can’t
take it", "Sand in my beer", "Gimme Your love"). Pour autant ils ont aussi le don de créer des morceaux
titubants, empreints de mélancolie, de gueule de bois ("Saturday", "Ghetto pop
song", ou le jolie slow "Standing alone"), et qui font passer le disque de la pastille
rock’n’roll éphémère à une œuvre plus touchante. Car à l’image des nombreux
chœurs chamaniques qui traversent les compos,
thee Holy Ghosts, jouent un garage-surf parcouru par des ombres
inquiétantes, planant nonchalamment au dessus de ces garçons de plage
déglingués. On attend la suite avec impatience.
Punching Joe
EP en écoute ci-dessous, et rendez-vous sur la page Bandcamp du groupe pour le téléchargement :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire